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«Il y a un lien entre les révolutions arabes et ce qui se passe en Europe»
Publié dans El Watan le 10 - 06 - 2011

-Les mouvements de contestation actuels en Europe interviennent dans le contexte des révolutions arabes. Y a-t-il un lien entre ces révolutions du monde arabe et les manifestations pacifiques en Europe ?
Il y a sans aucun doute un lien entre les révolutions, du moins en Tunisie et en Egypte, et ce qui se passe actuellement en Europe. Bien entendu, la situation est tout à fait différente en Libye, au Yémen ou en Syrie. Parmi les traits communs entre les révolutions arabes et les mouvements de contestation en Europe, on peut citer le fait que ce sont des mouvements spontanés et pacifiques portés en particulier par des jeunes qui rencontrent de grandes difficultés à s'intégrer socialement en raison du taux de chômage très élevé. Ces mouvements se réunissent très souvent sur des places publiques, de la place Tahrir au Caire à la Puerta del Sol à Madrid. Ils véhiculent des idéaux démocratiques – démocratie tout court dans le monde arabe, démocratie «réelle» en Espagne par exemple – et se montrent très sensibles vis-à-vis de la question de la corruption.
On peut noter enfin le rôle déterminant des technologies de l'information (blogs, réseaux sociaux, téléphonie mobile…) et des chaînes de télévision internationales (comme Al Jazeera dans le monde arabe) dans ces mouvements qui s'inspirent d'expériences souvent étrangères, un peu à la manière ce que l'on a pu le voir en 1968 dans les pays occidentaux ou en 1989 en Europe centrale et orientale. Il existe également de très nombreuses différences entre les mouvements de part et d'autre de la Méditerranée. Elles sont bien sûr liées à des situations politiques bien distinctes. L'objectif des mouvements dans le monde arabe était de changer la donne politique en chassant le dirigeant, son clan et le parti au pouvoir pour instaurer une démocratie.
Dans les pays européens, il y a également cette idée de réappropriation par les citoyens de leur destin collectif mais pas face à un régime autoritaire. Il s'agit plutôt de dénoncer l'impuissance de gouvernements démocratiques face aux marchés financiers.
-L'Espagne a été la première à lancer le mouvement des «Indignés», suivie par la Grèce, mais aussi l'Italie, et même la France. Quelles sont les différences entre ces mouvements ?
En Europe, le mouvement est effectivement parti d'Espagne pour se répandre dans différents pays (Grèce, Portugal, Italie, France, etc.) En France, par exemple, il a été impulsé dans un premier temps par des étudiants, notamment espagnols, et a pris la forme d'une solidarité avec le mouvement espagnol. Les mouvements prennent à peu près les mêmes formes – occupation d'espaces publics – et sont portés par les mêmes personnes, principalement des jeunes. Ils ne répondent pas bien entendu aux mêmes préoccupations, même si les jeunes dans les pays concernés subissent tous un taux de chômage très élevé.
Parmi ces préoccupations, il y a bien entendu les effets tangibles de la crise économique et des plans d'austérité mis en place dans certains pays européens (Grèce, Espagne, Portugal, etc.), ce qui est moins le cas pour un pays comme la France où la crise et l'austérité sont moins prononcées. Ces mouvements en Europe peuvent donc faire un peu penser aux émeutes que l'on voit très souvent se produire dans les pays qui appliquent des mesures d'austérité sous l'impulsion d'institutions financières internationales comme le FMI.
-Y a-t-il des possibilités pour que des mouvements du même genre naissent dans d'autres pays européens?
C'est toujours possible, mais à mon avis, plusieurs conditions doivent être réunies. La première est bien entendu une situation économique très difficile, notamment pour les jeunes, avec un taux de chômage très élevé. La seconde est une tradition de contestation et de protestation qui est différente selon les pays : on ne proteste pas de la même manière aux Pays-Bas ou en Grèce. Personnellement, je trouve assez symptomatique le fait que ces mouvements de contestation se produisent dans des pays où les mouvements altermondialistes ont été et sont les plus actifs en Europe.
Enfin, la situation politique est également à prendre en compte. On doit remarquer, par exemple, que les mouvements des «Indignés» les plus importants se développent dans des pays dont les gouvernements sont de gauche (Espagne, Grèce). On peut donc supposer que ces mouvements expriment une déception par rapport à ces gouvernements en raison de leur impuissance à pouvoir agir face aux marchés financiers et aux institutions européennes et internationales. En tout cas, ce qui est certain, c'est qu'il n'y aura pas en Europe, comme dans les pays arabes du reste, d'effet de contagion ou d'«effet domino», la situation des pays européens étant bien trop différente.
-De quelle manière les gouvernements européens concernés peuvent-ils répondre à ces mouvements ?
C'est une question à laquelle il est difficile de répondre. Ce que l'on peut dire en tout cas, c'est que les gouvernements des pays concernés, mais je dirais les gouvernements des pays de l'Union européenne en général, auraient tort d'ignorer et a fortiori mépriser ces mouvements, car ils expriment des préoccupations légitimes : chômage, précarité sociale, peur du déclassement, critique du fonctionnement de la démocratie, du rôle des partis politiques, de la prédominance des marchés financiers, etc. En même temps, la marge de manœuvre, notamment financière, de ces gouvernements est très étroite. C'est bien entendu le cas pour ceux qui mettent en œuvre des plans d'austérité draconiens. La bonne échelle pour répondre à ces mouvements est donc sans doute l'échelle européenne, mais la volonté politique et la solidarité semblent faire défaut actuellement.
-Ces mouvements, notamment le mouvement des «Indignés» en Espagne, sont-ils capables de durer et d'obtenir, dans une certaine mesure, gain de cause ?
La question du devenir de ces mouvements spontanés est cruciale. Il s'agit pour eux de maintenir l'immense «espoir» soulevé dans une partie de la population. On le voit dans le monde arabe, comme en Europe. Ils se heurtent néanmoins rapidement à deux questions centrales : doivent-ils se structurer en mouvement social ou politique pérenne ? Doivent-ils participer au système politique ? C'est d'autant plus difficile pour des mouvements de contestation comme les «Indignés» qu'ils se fondent sur le principe d'une démocratie participative et d'une «horizontalité» en refusant par exemple qu'il y ait des porte-parole officiels, donc des leaders. Ce qui est clair, c'est que ces types de mouvements qui remettent en cause la façon dont fonctionnent la démocratie représentative et les partis politiques ne peuvent se transformer en partis classiques et jouer le jeu des élections ou même risquer d'être récupérés par des partis politiques existants. Ils devront donc définir une nouvelle façon de faire de la politique.


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