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A tout saigneur…
Publié dans El Watan le 25 - 06 - 2011

Alfred Hitchcock est salué en 1926 pour The Lodger où apparaît le serial killer moderne. Enfin, Fritz Lang réalise l'emblématique M. le Maudit (1931) à partir d'un fait divers réel lié à l'assassin surnommé Le vampire de Dusseldorf, mais avec l'intention de dénoncer la menace hitlérienne en intitulant d'abord son film Les assassins sont parmi nous, ce qui lui sera refusé par un dignitaire nazi.
Serial killer ! Deux mots qui terrorisent en souvenir de quelques films notables, tant par leur violence extrême, parfois volontairement mise en avant, que par la mythification des tueurs qui la provoquent. Le SK – pour faire plus court –, est devenu un sous-genre de la catégorie film policier lorsqu'est sorti Le silence des agneaux (1991). Il y eut alors comme une mutation, le SK classique, déséquilibré asocial ou sadique, condamné moralement et judiciairement, est remplacé par un être amoral sans doute, mais complexifié au point de susciter de l'empathie, à défaut d'une sympathie moralement et cinématographiquement réprouvée.
Le tueur en série se décline en quantité et en variété. Majoritairement situé aux Etats-Unis, dans le monde réel et à l'écran, de nombreux documentaires montrent ces criminels évoquant leurs forfaits avec un sang-froid effarant que n'atténuent pas quelques mots de regrets flegmatiquement consentis. L'univers des SK est rempli de toutes sortes de meurtriers, du plus désaxé au «fou de Dieu». En déroulant la pellicule de plus de 150 films du genre, on constate que la plupart sont de niveau médiocre, car se fondant sur un vieux concept, celui du coupable dont on ne découvre l'identité qu'aux derniers plans, après un suspense stupidement entretenu. Quelques réussites dévoilent l'assassin au début ou au cours de l'action et, dans ce cas, l'aspect psychologique est pris en compte. Mais il arrive que les deux soient mis ensemble. Le silence des agneaux l'illustre bien avec Hannibal Lecter qui aide la police à retrouver le coupable.
Ce film implique
l'émergence du salut réparateur, que ce soit de la rédemption ou de la récupération de criminels, comme dans Blade ou Twilight, où des vampires luttent contre leurs propres congénères. Deux œuvres posent un vrai problème de déontologie, les scénaristes ou les réalisateurs, ou les deux à la fois, ayant dépassé la ligne rouge, non celle imposée par le politiquement correct (ou incorrect d'ailleurs), mais celle que tout créateur se doit d'éviter pour être pris au sérieux : Ridley Scott avec Hannibal Lecter (2001) et les auteurs des suites de Saw . Le premier, par exemple, met en scène Ray Liotta, le haut du crâne ouvert, avec Anthony Hopkins découpant des morceaux du cerveau du malheureux, encore vivant, pour les faire frire dans une poêle, ce qui fait plutôt rire.
Les seconds, en voulant faire plus fort que leurs prédécesseurs, tombent dans la caricature et le guignol, démolissant leur message.
Dernier angle d'attaque, le point de vue du SK, qui, en excluant d'office l'éternel tueur à gages, échappe à ces définitions et à notre sujet. Au cinéma, c'est American Psycho de Mary Harron (2000) avec un brillant cadre «reaganien» à qui tout réussit mais qui, en privé, accumule les cadavres (ce qui peut aussi être perçu politiquement). On le retrouve dans une formule surprenante dans la série Dexter incarné par un personnage «qui a pété les plombs» en se transformant en tueur en série des tueurs en série que la police ne parvient pas à arrêter, ou que la justice relaxe, faute de preuves. Une exception remarquable à signaler aussi avec le surprenant Massacre à la tronçonneuse (1974) de Tobe Hooper qui met en scène une famille de l'Amérique profonde coupée du monde et de toutes valeurs essentielles et se livrant aux massacres des étrangers qui se présentent. L'originalité n'est pas dans la thématique, vieille comme L'Auberge rouge (1951), où sévissaient des hôteliers tueurs et détrousseurs des voyageurs imprudents, mais dans le «traitement de texte» qui allie le réalisme et le drame dans une sorte de poétique de l'horreur.
Le serial killer n'est pas qu'un fantasme de roman ou de film. On retrouve ses traces dans l'histoire, même si la légende vient amplifier la réalité. Honneur aux dames avec les belles-filles de Philippe Le Bel qui attiraient des jeunes gens sans qualité dans leur donjon (cf. les romans La Tour de Nesle d'Alexandre Dumas et La Reine sanglante de Michel Zévaco) pour les occire après une nuit mouvementée et jeter leur corps dans la Seine, emballés dans des sacs. A tout «saigneur», tout honneur, Gilles de Rais fut un grand massacreur d'enfants dans les souterrains de son château de Suze-sur-Sarthe où il s'était réfugié après la mise à mort de Jeanne d'Arc, dont il était un fidèle lieutenant. Ce sinistre individu n'a jamais été porté à l'écran, alors qu'à la même époque sévissait un grand serial killer en la personne de Vlad Tepes, alias Dracula, le vampire des Carpates célébré par plus de 300 films ! Troisième personnage du catalogue des assassins de masse, la Princesse hongroise Erzsébet
Bâthory aurait eu à son actif quelque 600 exécutions de jeunes vierges, saignées à blanc pour en extraire le liquide vital pour s'en enduire le corps, l'éternelle jeunesse est à ce prix. Julie Delpy vient de lui consacrer un film, La Comtesse (2010) en l'exonérant des mutilations qu'elle avait réellement pratiquées.
C'est dans les époques récentes et dans un Londres soumis à la pudibonderie de la reine Victoria, impératrice des Indes et despote sévère des mœurs, qu'apparut le SK moderne, prototype poussé jusqu'à l'archétype par le cinéma, du tueur en série qui égorge ses victimes féminines, toutes des prostituées, et qui ne sera jamais attrapé. Vingt ans après Jack l'Eventreur, sort en France une version plus débonnaire, mais non moins meurtrière, avec Landru dont l'énoncé du seul nom, devenu un substantif, fait trembler les femmes et les hommes aussi. De grands cinéastes lui consacrèrent des films de qualité (Landru de Claude Chabrol et Monsieur Verdoux de… Charlie Chaplin). Plus près de nous, les scénaristes ne manquent pas d'exemples de SK dans la réalité, bien qu'ils les traitent hélas de façon plus spectaculaire que psychologique, avec un paradoxal et pervers voyeurisme. De Jack l'Etrangleur des sombres et brumeuses ruelles londoniennes qui s'en prend aux prostituées nocturnes à Aileen Wuornos, prostituée diurne, qui liquide ses clients dans des motels miteux, il y a variation sur un seul thème avec des sobriquets qui font tilt et dont les moins connus ne s'appliquent pas à des crimes moins odieux : Le cannibale du Milwaukee et de Rouen, Le vampire de Sacramento et de Dusseldorf, Le boucher de Hanovre et de Marseille… Richer Ramirez va servir comme prototype du ritual serial killer, l'assassin «sataniste» que Seven (1995) de David Fincher illustrera sur la base des sept péchés punissables de mort cruelle. John Wayne Gacy, dit Le clown tueur, affirmait que ses «victimes méritaient la mort». Ce SK a marqué profondément écrivains, cinéastes et publics (Il est revenu de Stephen King, Disparitions sanglantes de Eric Till).
Autre version des SK, celui des boudoirs et des manoirs. C'est l'assassin aux belles manières, un raffiné, un délicat qui a horreur du sanguinolant. Il liquide ses victimes avec du liquide (poison), du solide (une corde, un piège à loup) et du vaporeux (toutes sortes de gaz toxiques), la strangulation et la noyade en dernier recours. Arsenic et vieilles dentelles (1944), paradoxalement américain (de Frank Capra) marque le pas d'un cinéma pépère. Deux exquises mémères se débarrassent de vieux messieurs «pour leur rendre service». A l'inverse, dans Tueurs de Dames (1955) d'Alexandre Mackendrick, c'est la mamie qui fait se tuer des malfrats venus chez elle pour un casse. Mais le chef-d'œuvre du genre reste ce magnifique Noblesse Oblige (1949), de l'Anglais Robert Hamer, dans lequel le SK est un aristo qui progresse dans l'ordre de succession à un héritage en exécutant tout ce qui constitue un obstacle à son ambition. Avec la même motivation, Monsieur Arkadin, (1955) d'Orson Welles, fait disparaître l'un après l'autre les témoins de son passé délictueux qui peut menacer son présent. Ce type de SK est tout ce qu'il y a de plus rationnel, puisqu'il n'agit que pour préserver ses intérêts vitaux. Dans le même esprit, Le Dernier de la liste (1963) de John Huston n'a pas laissé un souvenir impérissable malgré son panel d'interprètes de luxe. On ne saurait oublier la sublime Kathleen Turner dans Serial mother (1994) de John Waters, en mère protectrice qui se débarrasse mortellement de tous ceux qui barrent sa route, une œuvre plus dans l'esprit de Noblesse Oblige que celui du voyageur retors dans Le beau-père de Nelson McCormick.
Certains films de SK peuvent être regroupés sous l'étiquette «rite de passage». C'est tout un courant de produits destinés aux adolescents pris entre les griffes de SK qui les terrorisent avant de les tuer de manière atroce. Le passage à l'âge adulte comporte l'apprentissage des dangers de la vie et la nécessité de se prémunir contre «l'ennemi de l'intérieur», mal invisible tout aussi néfaste que celui de l'extérieur. Au cours d'une fête bien innocente, des jeunes filles qui se sont cru émancipées des règles drastiques parentales se trouvent enfermées dans une maison où se cache un SK qui les informe par téléphone de leur mort programmée (Black Christmas,1974). Tout aussi significatif, l'étudiante baby-sitter affolée par des appels inquiétants d'un inconnu dans un film au titre anglais bien révélateur When a stranger calls (en français, «Terreur sur la ligne»,1978). Mais c'est John Carpenter qui, un an auparavant, donnera un coup de pouce prodigieux au concept en créant le SK pathologique, en remontant à l'enfance traumatisante des criminels, responsable de leur comportement adulte (La nuit des masques, 1978). Sur un autre registre, mais en relation avec un public pubère, on assiste à l'apparition d'archétypes qui deviendront à la longue des stéréotypes à travers Vendredi 13 (1980) de Sean Cunningham, Les Griffes de la nuit (1984) de Wes Crave, le tout suivi de plusieurs versions plus ou moins conformes jusqu'à l'épuisement de la veine (et des veines !).
Puis surviennent de nouvelles créatures malfaisantes dans Scream de Wes Craven (1996), Souviens-toi, l'été dernier (1997) de Jim Gillepsie, Urban Legend (1998) de Jamie Blanks. Interrogés depuis leur prison, les véritables tueurs en série déclarent être «nés avec une partie manquante» (Jeffrey Dahmer, 17 jeunes tués), entendre «des voix dans la tête» (Herbert Mullin, 13 adolescents éliminés), être dominés par la pornographie qui les ont «poussés à violer et à tuer» (Ted Bundy, 36 jeunes filles étranglées). Les tueurs en série ne sont pas propres aux Etats-Unis ou à l'Occident. Il en existe partout dans le monde, mais le cinéma des pays de ces odieux criminels, doublés de pédophiles, ne les ont pas portés à l'écran. Pedro Alonso, Colombien, a liquidé pas moins de 310 personnes en Colombie, au Pérou et en Equateur. Andrei Tchèkalito, Ukrainien, a éliminé 53 adolescents, et le Chinois Yang Xin-hai, 67 victimes. Abdelali Hadi, marocain, a tué 9 enfants.
On annonce pour 2011 et 2012 une quinzaine de productions SK, principalement américaines, normal pour un pays qui compterait cinq-cents tueurs en série. Signalons au passage un SK intitulé Halal police d'Etat dans la catégorie «n'importe quoi», signé par les comiques français, Eric et Ramzy. Mais, en général, la tendance reste à un surplus d'hémoglobine avec les retours de Saw et de Scream, nous éloignant toujours plus de la rigueur et de la profondeur de Frenzy (1972) d'Alfred Hithcock, qui demeure un modèle du genre, dans lequel même la caméra a la trouille en quittant à reculons les lieux où va se dérouler un assassinat sans aucune goutte de sang. Ce qui prouve encore que, quel que soit le genre, c'est le talent qui prime.


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