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Pourquoi tuent-ils
Les serial killers
Publié dans Le Temps d'Algérie le 21 - 07 - 2009

Les tueurs en série, même s'ils présentent de nombreux points communs, ne se ressemblent pas. Ils diffèrent non seulement dans leurs mobiles, mais aussi dans leur «gain anticipé» : en d'autres termes, le type de satisfaction qu'ils obtiennent en tuant. Ce sont ces distinctions qui les séparent dans des catégories distinctes (si l'on peut dire), que nous pouvons considérer, tant intellectuellement que légalement.
Il existe différents «types» de tueurs en série. Chaque type est distinct, unique. Toutefois, un serial killer convient rarement parfaitement à une seule catégorie sans se mélanger avec les autres.La distinction initiale qui doit être faite concernant les tueurs en série concerne leur mobilité géographique. Certains vivent, travaillent et tuent dans une seule région, voire une seule ville. John Wayne Gacy est l'exemple parfait d'un serial killer géographiquement stable.
Il prenait soin de tous ses besoins dans la région de Chicago : vivre, travailler et tuer. Ted Bundy, au contraire, était un serial killer géographiquement mobile. Il a tué dans au moins neuf Etats. Il ne déménageait pas tant pour trouver des victimes que pour embrouiller la/les police(s).
Les types de serial killers
Selon la description du FBI, un tueur en série tue au moins trois personnes en plus de 30 jours, avec une période importante de calme, de non-action entre les meurtres.Dans son livre, Serial Murder, Ronald Holmes développe une typologie des tueurs en série : celui qui a des visions, celui qui pense avoir une mission, celui qui tue pour le plaisir, et celui qui tue pour le pouvoir/contrôle.
Chaque type est classé selon le mobile et le «gain anticipé» du tueur. Certains mobiles sont sexuels, d'autres ne le sont pas.
Voici un bref aperçu des quatre «types» de serial killers définis par Holmes.

Le serial killer qui a des visions
Joseph Kallinger a commencé à tuer près de chez lui. Il a tué l'enfant d'un voisin, puis une jeune femme, et enfin son propre fils. Son plan était de tuer absolument tout le monde sur la planète, et ensuite, de se suicider.Pourquoi ? Il expliqua que «Charlie», une tête désincarnée, flottait dans sa chambre et lui ordonnait de tuer. Même après plusieurs années d'hospitalisation, Kallinger soutenait encore que Charlie lui rendait toujours visite.
Psychotique, souffrant d'une rupture totale avec la réalité, ce type de serial killer reçoit des ordres provenant de voix ou de visions, qui lui demandent de tuer. Richard Chase et Herbert Mullin, des schizophrènes paranoïdes, en sont un autre exemple.
(J'en profite pour ouvrir une parenthèse et rappeler encore une fois que la majorité des personnes ayant des problèmes mentaux n'est pas violente et que la plupart des tueurs en série sont sains d'esprit !)
Le serial killer qui pense avoir une mission
Ce tueur veut débarrasser la communauté d'un «élément indésirable». Qui sont les «indésirables» ? Cela dépend uniquement de l'opinion du tueur.Ils/elles peuvent être des prostitué(e)s, des drogués, des homosexuels, ou qui que ce soit ayant une race, un sexe, une profession ou une caractéristique (réelle ou imaginaire) que le tueur estime «indigne».Ce tueur n'est pas psychotique. Simplement, il décide de «rendre personnellement un service» au monde, à la communauté ou à son voisinage :
l'éradication d'un groupe de personnes spécifiques qui sont les «éléments indésirables» de «son» monde. Dans le monde de Beoria Simmons, les «indésirables» étaient les prostituées. Dans celui de Ted Kazinsky (L'Unabomber), c'était la technologie moderne et ses représentants, les scientifiques.
Pour ces deux types de tueurs, le sexe n'est pas un facteur de motivation.
Le serial killer qui tue pour le plaisir
Il y a trois «sous-types» dans cette catégorie :
-celui qui tue par avidité sexuelle
-celui qui tue «pour le frisson»
-celui qui tue pour son confort. Les deux premiers, alimentés par leurs fantasmes, tuent pour ressentir un plaisir de nature sexuelle. Le premier, le «lust killer», est un prédateur sexuel attiré autant par les victimes vivantes que par les cadavres.
Jérome Brudos a commencé par un fétichisme des pieds, puis est passé au meurtre, à la mutilation sexuelle et à la nécrophilie.
Celui qui tue «pour le frisson», le «thrill killer», exige une victime vivante afin de «se nourrir» de la terreur de celle-ci. Le meurtre est un processus lent et déchirant, qui donne au tueur plus de temps pour jouir de la souffrance de sa victime.Il voit ses meurtres et l'enquête de la police comme un jeu. Il adore l'attention que lui portent les médias et la police, et le fait qu'il est capable d'échapper aux autorités.
Il a tendance à garder une sorte de «registre» de ses meurtres, par exemple des coupures de presse qui décrivent ses crimes. Il s'amuse à déjouer les efforts de la police. Les «Hillside Stranglers» (les cousins Kenneth Bianchi et Angelo Buono) étaient des «thrill killers» qui torturaient leurs victimes.
Le troisième «sous-type», celui qui tue pour le confort (le «comfort killer») tue pour des raisons très «terre-à-terre» : l'argent, les bénéfices d'assurance ou de business. Kuklinski, un tueur professionnel qui a admis avoir tué plus de 100 personnes, entre dans cette catégorie.
Il n'y a pas d'aspect sexuel dans ce type de meurtre ; le «but anticipé» est d'obtenir de l'argent et de vivre «la belle vie».Les championnes des «comfort killers» sont les «veuves noires», qui tuent leurs maris et amants pour hériter ou toucher l'assurance-vie. Le «bon» docteur Shipman a assassiné ses patientes après les avoir poussées à modifier leur testament en sa faveur.
Bien que beaucoup de gens puissent ne pas considérer les assassins ou certaines personnes payées pour tuer comme des tueurs en série, je pense qu'il ne devrait pas y avoir de distinction simplement parce que le «gain anticipé» est un profit matériel plutôt que psychologique ou sexuel.
Le serial killer qui tue pour le pouvoir, le contrôle
La motivation de ce type de tueur est centrée sur le besoin de pouvoir et de domination. Comme Bundy l'a fait remarquer une fois, posséder la vie d'une personne comme «une plante en pot ou une Porsche», est une sensation incroyable. Bien sûr, Bundy était motivé dans une grande mesure par des facteurs sexuels, comme on le voit dans ses actes de sadisme, de nécrophilie et de cannibalisme.
Toutefois, le vrai plaisir était d'être maître du destin de la victime, entièrement entre ses mains.
Ces tueurs sont plus excités par la vue de leur victime terrorisée et par ses cris, que par le meurtre lui-même. Un tueur en série peu rarement être «classé» uniquement dans une seule et même catégorie. Le docteur Petiot, qui tuait principalement pour récupérer l'argent et les possessions de ses victimes, prenait également un grand plaisir à les observer mourir dans d'atroces souffrances.


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