Une ville aujourd'hui aux mains des rebelles. «Cela fait trois mois que nous sommes ici. Nous restons entre femmes. Tous nos hommes sont au front. Nous sommes fatiguées, explique-t-elle. Nous souhaiterions rentrer en Libye, mais malheureusement, c'est impossible. Il y a des bombardements et des obus qui nous tombent sur la tête.» Nous sommes dans le dispensaire de Maztouria, à 15 km de Tataouine. Ici, les réfugiés reçoivent des soins gratuits. Plus de 300 familles libyennes vivent dans la localité. Nasser Naciri travaille depuis sept mois pour Médecins sans frontières (MSF), qui emploie une quinzaine de Tunisiens dans la région. «Je fais une collecte d'informations sur leur état émotionnel pour voir quels sont leurs besoins», précise le psychologue de 31 ans. Selon Halim Boubarak, médecin, «quand ils ont fui, les réfugiés n'ont pas pu emporter leurs dossiers médicaux. Toute la prise en charge est à refaire. Nous ne disposons pas des renseignements cliniques nécessaires». Manel Boualag est aussi psychologue. Venue de Tunis, elle travaille à Remada, l'autre camp de réfugiés du Sud. «Nous faisons en sorte que les réfugiés dévoilent leurs angoisses. Nous abordons certains sujets pour les pousser à s'en décharger par la parole», détaille-t-elle, assise sous une tente où la chaleur est étouffante. A ses côtés, Aïcha Amar. Elle est mère de trois enfants dont deux garçons qui sont au front : «Les premiers jours, quand je suis arrivée avec mes filles, on ignorait tout des Tunisiens et de leur armée. On était effrayées. Mais finalement, on a été bien accueillies et, aujourd'hui, on dort la tente ouverte.» Remada compte 800 réfugiés. Pour beaucoup d'entre eux, le retour est tout simplement impossible. Leurs maisons ont été détruites. Ils n'ont plus où aller.