Le niveau d'hygiène et d'insalubrité a atteint la cote d'alerte dans les deux principaux marchés de détail des fruits et légumes devant l'indifférence des pouvoirs publics, des élus et des clients. Le marché couvert ou encore « français » -comme aiment encore l'appeler les vieux- est implanté au cœur même de la ville de Annaba. Il est devenu tout simplement méconnaissable à cause de son état de dégradation avancé. Dégradation due à l'absence de civisme des uns et des autres ainsi qu'au manque d'entretien et de maintenance des lieux. Très fréquenté de 8h à 17h, cet espace commercial, qui date de la période coloniale, n'a enregistré, depuis l'Indépendance à ce jour aucun réaménagement susceptible de lui redonner une image à la mesure de sa dimension économique, sociale et touristique. Dès qu'il pénètre dans le marché couvert du côté de la rue Ibn Khladoun, ex-Gambetta, ou de celui de la rue Emir Abdelkader, le visiteur constate d'emblée une insalubrité repoussante et un sol malpropre, n'incitant guère aux achats. Pourtant, cet endroit qui devrait être soigneusement entretenu –sécurité alimentaire oblige- accueille quotidiennement des personnes de divers horizons professionnels y compris des fonctionnaires de la direction du commerce, des médecins, des élus ou autres commis de l'Etat. Les commerçants qui y exploitent des boxes assistent à la dégradation des lieux sans bouger le petit doigt, se contentant de vendre leurs produits, même dans des conditions inacceptables. Cette tendance est également observée chez la plupart des clients. A quelques encablures seulement du marché couvert, se trouve celui d'El Hattab que les gens continuent de qualifier de « poumon de Annaba ». Celui-ci, qui remonte aussi à la période coloniale, n'a subi aucune opération d'aménagement et d'amélioration de son cadre de vie. Composé de stands construits en tôles de zinc et de bois, le marché d'El Hattab a failli disparaître du décor urbain à la suite d'un fâcheux incendie dû à un court-circuit qui s'était déclaré la nuit. Fort heureusement, les sapeurs-pompiers ont pu sauver ce patrimoine commercial de l'anéantissement. Ce sinistre qui a détruit près d'une dizaine de boxes, a suscité un intérêt pour la réhabilitation de cet espace qui ressemble aujourd'hui à un dépotoir. En hiver, il se transforme en véritable patinoire faute d'évacuation des eaux pluviales qui investissent les couloirs. Rappelons que la situation critique du marché El Hattab a donné lieu à une polémique lorsqu'il a été évoqué l'idée de sa délocalisation. Cette démarche qui avait provoqué la colère des commerçants concernés, a été mise en veilleuse. L'état de dégradation des marchés couverts nécessite aujourd'hui une intervention urgente, et de là faire de ces espaces, source de revenus pour la commune, des lieux fréquentables répondant aux exigences d'une vie moderne.