Les souks et marchés de la ville de Annaba et sa périphérie baignent dans l'anarchie. Les pouvoirs publics et les élus ont du mal à les réorganiser et les restructurer pour en faire des espaces attrayants, dotés des conditions nécessaires de sécurité et d'hygiène alimentaire. Source de revenu pour les commerçants, mais aussi pour les collectivités locales, ces souks, qui sont les lieux les plus fréquentés, continuent de fonctionner dans l'indifférence totale des uns et des autres. Le marché couvert et celui d'El Hattab, qui représentent le poumon de la ville de Annaba, illustrent fidèlement cet état d'esprit. Remontant à la période coloniale et conçus pour un nombre donné d'habitants, ces deux espaces croulent aujourd'hui sous le poids d'une forte demande. Ils sont restés tels quels, sans faire l'objet d'aucune action d'aménagement ou de restructuration en vue de les adapter au développement urbanistique de la ville. Le marché d'El Hattab a failli disparaître, suite à un incendie qui a ravagé 30 de ses locaux. Heureusement, la Protection civile, informée un quart d'heure après le sinistre par un citoyen, a déployé de grands moyens pour le sauver des flammes. Cet espace, qualifié de ventre de Annaba, risque, selon des informations fiables, d'être délocalisé. La cause en est sa dégradation très avancée pouvant constituer un danger, aussi bien pour les commerçants eux-mêmes que pour les consommateurs. Faut-il souligner, à ce titre, que le marché El Hattab se transforme durant l'hiver en véritable marécage, rendant difficile l'accès aux stands de fruits et légumes ou autres produits alimentaires. Le marché couvert, moins fréquenté que ce dernier, n'est pas lui non plus épargné par l'usure et la dégradation de son cadre de vie. Situé à quelques encablures du majestueux cours de la Révolution, cet espace, qui comprend une poissonnerie, n'a pas connu, jusqu'à présent, d'investissement digne d'intérêt. Les autres marchés de la ville, implantés ici et là, souvent au mépris de la loi, n'offrent pas un cadre idéal pour le consommateur. Ce sont tout simplement des lieux qu'il faut humaniser et rendre attrayants. Les souks hebdomadaires, qui se tiennent dans les communes, nécessitent, eux aussi, des opérations de restructuration, visant l'amélioration de la qualité des prestations. La situation des souks est lamentable, et l'on n'est pas étonné de voir, dans les marchés hebdomadaires de Berrahal, Sidi Amar, Chorfa et de Aïn Berda, des animaux errant parmi les personnes et les commerçants. Ces derniers, sans se soucier des risques générés par le manque d'hygiène, pouvant se répercuter sur la santé publique, étalent leurs marchandises à même le sol. Une mise à niveau de ces espaces commerciaux, ne s'impose-t-elle pas aujourd'hui ? Aussi, la multiplication des marchés informels à travers la ville de Annaba, face à l'absence d'alternative au problème du chômage qui touche surtout les jeunes, risque de nuire au cadre de vie et de constituer un facteur d'insécurité, à cause de « l'appropriation illégale de ces espaces ».