Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar
Ramadhan est toujours vécu comme une heureuse circonstance. Aux plaisirs de la table bien garnie s'ajoute une animation nocturne particulièrement intense. Ce mois sacré se distingue, en effet, de tous les autres. Il a son ambiance propre. A la léthargie matinale s'oppose le rythme unique des soirées vives. Tout le monde sort, juste après la rupture du jeûne, pour se rendre à la mosquée, se promener ou voir un spectacle artistique. Le décor nocturne change. Les enseignes des magasins s'allument. La circulation s'intensifie, et les minarets enguirlandés ajoutent leur note lumineuse aux flots ininterrompus de promeneurs. C'est un mois de contrastes. Les centres culturels, les salles de jeux et les cafés s'animent jusqu'à tard dans la nuit. Dans cette perspective, la maison de la culture de Béjaïa a établi cette année un riche programme d'activités. Cinéma, théâtre et musique sont au menu durant tous les jours de ce mois de septembre. Pour la première semaine d'activités, on a inscrit plusieurs projections du film Mimezrane (la dame aux cheveux tressés) d'Ali Mouzaoui, un spectacle de théâtre produit par le TRB intitulé Thimqwa n'Tmouchouha (bribes de contes) et un concert de la chanteuse Malika. A partir du début de la semaine prochaine, on entamera les présélections au concours du festival local de la musique et de la chanson kabyle. Des dizaines d'artistes amateurs de la région, des groupes musicaux et des chorales se sont déjà inscrits à cette manifestation qui promet d'être cette fois à la hauteur des attentes du public. Doté d'un important budget, ce rendez-vous annuel du chant kabyle s'annonce comme un événement majeur. Les organisateurs, qui ont déjà ficelé tous les préparatifs, promettent de la qualité en matière d'organisation et de sonorisation. Ils s'emploient à en faire une scène de choix pour propulser les nouveaux talents, mais aussi une occasion unique d'offrir des plateaux alléchants pour tous les mélomanes. Le comité des fêtes de la ville de Béjaïa, l'un des partenaires majeurs du festival, s'emploie justement à mettre les dernières retouches à l'entame d'une série de concerts susceptibles de drainer les grandes foules. Des contacts seraient en voie d'aboutir avec des icônes de la chanson chaabie, un style qui compte des milliers de fans à travers la vallée de la Soummam et le plateau du Sahel. En outre, le centre culturel islamique d'Ihaddaden a prévu un cycle de conférences et de communications sur les valeurs authentiques du Coran. Des universitaires et des spécialistes sont conviés pour expliquer l'importance de ce troisième pilier de l'islam qu'est le Ramadhan dans la promotion de cette culture du pardon, de l'entraide et de la solidarité au sein de la société. Une activité similaire est également perceptible au niveau de toutes les mosquées de la wilaya. La ferveur religieuse y gagne du terrain. Le nombre de fidèles se décuple comme à chaque fois en pareille occasion. Les mosquées se remplissent plus que d'ordinaire. Elles débordent même de monde. Les prières et les lectures de Coran, diffusées par haut-parleurs, donnent une certaine musicalité à l'espace. Le discours religieux prend de l'ampleur, et la voix de l'imam, au summum de sa cote, prédomine. Elle a une autorité certaine et une audience assurée. En début de soirée, après le f'tour, on converge par centaines vers les lieux de culte pour s'imprégner de ce mysticisme et de cette foi propre à salat etarawih. Le vendredi, pour el djoumouaa, une affluence maximale est apparente partout. L'âme vertueuse s'ouvre entièrement à la parole sacrée. L'imam est écouté avec plus d'attention et de dévotion. Son propos, modéré et limpide, se veut un ressourcement salvateur dans les legs –empreints d'humanité et de sagesse- de nos illustres savants et uléma. Par ailleurs, des programmes d'animation sont aussi concoctés dans les autres localités de la wilaya. Un gala par-ci et une conférence par-là, et cela fait des rencontres et du bon temps.