Les parents d'élèves au revenu faible ou modeste auront du mal à faire face à ce nouveau casse-tête financier. Des milliers de ménages à Mila, une wilaya où la paupérisation bat son plein, ne savent plus à quel saint se vouer pour couvrir les besoins de leur progéniture en matière de manuels scolaires et d'articles vestimentaires. De nombreuses familles, a-t-on appris, ont eu beau rogner sur les dépenses domestiques en se contentant du strict minimum pour subvenir à leurs besoins alimentaires en ce mois de jeûne, sans grand succès. La dégringolade effrénée du pouvoir d'achat est telle que des milliers de foyers sont contraints de contracter des dettes et recourir à des emprunts auprès d'amis et de parents pour assurer la scolarité de leurs potaches. Rencontré chez un libraire, Mouloud S. professeur d'enseignement et père de 4 enfants, dira à ce juste propos qu' « il a fait toute une gymnastique pour emprunter chez un proche 10000 DA pour la prise en charge de ses 2 enfants scolarisés ». Selon des personnes qui ont préféré parler sous le sceau de l'anonymat, « il existe beaucoup de familles qui, chaque année, ne pouvant faire face aux lourdes dépenses de la rentrée scolaire, mettent délibérément fin à la scolarité de leurs bambins en sacrifiant 1 à 2 gosses ». « Il n'y a pas photo, la pratique est de mise », souligne-t-on, « et si elle ne fait pas florès, c'est que par humilité et dignité, les familles, privant volontairement leurs enfants d'aller à l'école, préfèrent ne pas en parler ». Sur les 7 orphelins qu'elle compte, la veuve Zohra, avec un pécule de retraite de 17 000 DA de son défunt mari, ne sait plus sur quel pied danser pour la couverture des frais scolaires de ses 4 mômes scolarisés, dont 2 à l'école et 2 au collège. « Que peut-on faire en plus des sacrifices de Ramadhan avec une rente pareille, sachant que pour fringuer chichement un seul gosse avec training, pantalon, pull et tablier, auxquels il faut prévoir le sac à dos, les livres et les fournitures scolaires, il faut allonger au minimum entre 6 000 et 8 000 D », s'est-elle indignée. Les actions de solidarité, ponctuées par des opérations de collecte de trousseaux scolaires au profit des catégories démunies lancées à travers les différentes mosquées de la wilaya, attestent, on ne peut plus, que le spectre de la pauvreté galopante, qui est loin d'être un vain mot, a rattrapé de très larges pans de la société. Inaccessibles pour les familles au revenu modeste, en dépit de la disponibilité annoncée, cette année encore, les manuels scolaires coûteront cher. Et pour preuve, les parents devront débourser, rien que pour les manuels scolaires, pas moins de 1640 DA pour l'ensemble des livres de 5e année primaire, et 2 190 DA concernant ceux de la 4e année moyenne.