Assurer la meïda, habiller les enfants pour l'Aïd et remplir le cartable de fournitures scolaires, tel est le casse-tête des ménages. Les avenues commerçantes de Mila, à l'instar de celles des autres grandes villes de la wilaya, comme Chelghoum Laïd et Ferdjioua, se remplissent ces derniers jours, en même temps que se retrécit le porte-monnaie. Faire des achats pour assurer la meïda du f'tour, habiller les enfants pour l'Aïd et remplir le cartable (qu'il faut aussi acheter) de fournitures scolaires est un véritable casse-tête pour les ménages qui se voient bien obligés de serrer la ceinture d'un cran en ces derniers jours de jeûne. L'Hôtel de ville de Mila était, il y a quelques jours, «assiégé» par des personnes démunies à la recherche du couffin de Ramadhan dont la distribution reste très en retard dans cette commune malgré l'écoulement de la première quinzaine du mois de jeûne. Devant les guichets des services de l'Etat civil, des scènes similaires de chaînes interminables et de bousculades peuvent être observées mais, cette fois, pour obtenir les pièces nécessaires pour les inscriptions dans les établissements scolaires. Tandis que les ultimes préparatifs administratifs et organisationnels sont en cours en vue du démarrage de la nouvelle année scolaire, marquée dans cette wilaya par l'ouverture de quatre nouveaux lycées, de trois CEM et de plusieurs classes et cantines, les parents des quelque 200.000 élèves attendus s'attellent à «harnacher et équiper» leur progéniture, les fameux tabliers bleus et roses jouant, en cette occurrence, le rôle de «stars» de la rentrée. Le marché bihebdomadaire de Mila a enregistré, mardi dernier, une affluence exceptionnelle, aussi bien des commerçants que des acheteurs au point de générer de grands mouvements de foule qui ont gêné, voire paralysé, des heures durant, le trafic automobile sur certains axes du centre-ville. Les parents attirées par cette place commerçante, spacieuse mais ressemblant à un capharnaüm, affirment éprouver d'énormes difficultés pour «honorer» simultanément et comme il se doit, trois importantes circonstances religieuses et sociales. Rencontrée en train de rechercher pour ses trois enfants vêtements et tabliers conformes aux couleurs exigées, une dame, la quarantaine, affirme, le sourire forcé, qu'il faudrait «des sacs remplis de billets de banque pour faire face aux exigences de la rentrée et de la fête de l'Aïd alors même que les charges du mois de Ramadhan continuent de peser». Même si les produits proposés sur cette place sont réputés «bon marché», Brahim, un fonctionnaire de 52 ans, soutient, que satisfaire les besoins de ses deux enfants pour la rentrée et l'Aïd lui a coûté plus de 8000 DA sans compter les frais des trousseaux et des manuels scolaires. Pour réduire leurs dépenses, plusieurs mères de famille affirment s'être «contentées d'une seule tenue à porter à la rentrée et le jour de l'Aïd», même si les enfants ne s'y sont résignés qu'à «contrecoeur». Non sans amertume, d'autres familles à pouvoir d'achat beaucoup plus faible se rabattent sur les vieux vêtements de fripe pour satisfaire les mêmes besoins. Malgré tout ce qui se dit sur l'affaissement du pouvoir d'achat, nombre d'observateurs du marché restent perplexes devant le volume du négoce quotidiennement engagé. Ce dilemme a été ainsi résumé par un citoyen: «Tout le monde se plaint et tout le monde achète.» Si l'attention est visiblement plus attirée en ces jours vers les commerces de vêtements, chaussures et effets scolaires, les marchés des fruits et légumes n'en continuent pas moins, pour autant, de saigner inexorablement les bourses des ménages par une mercuriale allant opiniâtrement crescendo, faisant tomber la règle qui limitait cette hausse à la seule première semaine du mois de jeûne.