Une option envisagée alors que la course aux armes de destruction massive entre Israël et l'Iran est à son paroxysme. «Tous nos efforts et ceux du monde ayant échoué à convaincre Israël de renoncer à ses armes de destruction massive, mais aussi l'Iran, il est de notre devoir à l'égard de nos peuples d'envisager toutes les options possibles, y compris l'acquisition de ces armes», a déclaré le prince Turki, ancien chef de renseignement saoudien, lors d'un forum sur la conjoncture régionale à Ryad. «Une catastrophe touchant l'un de nous s'abattra sur nous tous», a prévenu le prince. Le royaume saoudien, qui redoute une dimension militaire du programme nucléaire de l'Iran et dénonce constamment la puissance d'Israël en la matière, a multiplié les démarches pour développer de l'énergie nucléaire, officiellement à «usage pacifique». En juin, un coordinateur de l'organisme saoudien du nucléaire civil, Abdel Ghani Malibari, cité par la presse locale, a annoncé que Riyad entend construire 16 réacteurs nucléaires civils dans les 20 prochaines années pour un coût de quelque 80 milliards de dollars. Washington pour le renforcement des sanctions contre Téhéran En visite ce même jour en Corée du Sud, le conseiller spécial du département d'Etat à la lutte contre la prolifération nucléaire et au contrôle des armements, Robert Einhorn, a appelé les alliés de Washington à renforcer leurs sanctions contre l'Iran. Sanctions liées à son programme nucléaire. Il a estimé impératif pour les alliés de délivrer un «message clair et unanime». «La situation en Iran est devenue de plus en plus inquiétante ces derniers mois», a-t-il dit, accusant Téhéran de montrer «peu d'intérêt dans une négociation sérieuse sur ses programmes nucléaires».Téhéran «viole ses obligations internationales». De ce fait, «il devient un Etat paria». Robert Einhorn a plaidé pour un embargo sur les produits pétrochimiques iraniens, à l'exception du pétrole. Les Etats-Unis n'ignorent pas les «besoins en sécurité énergétique de pays» importateurs nets comme la Corée du Sud, a-t-il souligné. Séoul a annoncé une série de sanctions contre l'Iran en septembre 2010, mais celles-ci ne touchent pas le pétrole qui assure 10% des besoins du pays. Le royaume saoudien et le Qatar rassurent Cela dit, hier, deux monarchies absolues du Golfe, à savoir le Qatar et l'Arabie Saoudite ont rassuré les Occidentaux et leurs alliés quant à l'augmentation de leur production pétrolière pour couvrir l'offre et empêcher la flambée des prix sur le marché. Ainsi, l'émir du Qatar a déclaré que l'offre d'hydrocarbures des pays exportateurs arabes ne serait pas affectée par les troubles politiques au Moyen-Orient. «Les événements dans la région arabe ont provoqué des inquiétudes concernant l'offre d'énergie. Nous pensons que l'offre va surmonter les crises au Moyen-Orient», a indiqué l'émir Khalifa Ben Hamad Al Thani en ouvrant le 20e Congrès mondial du pétrole (WPC) à Doha. «Je veux insister sur l'engagement pris (…) de maintenir l'offre de pétrole», a-t-il ajouté. A son tour, le ministre saoudien du Pétrole, Ali Al Nouaïmi, a annoncé que la production de son pays dépasse actuellement les 10 millions de barils par jour de brut et de condensats, et assuré que le royaume est prêt à compenser toute pénurie. «L'Arabie produit actuellement plus de 10 millions de pétrole brut et de condensats de gaz», a déclaré le ministre dans un discours prononcé en son nom par un conseiller de son ministère devant les participants à un forum sur la conjoncture régionale à Riyad. Le ministre a indiqué que le royaume est soucieux de «la stabilité du marché» et qu'il utiliserait sa capacité de réserve pour «répondre à une pénurie dans l'offre ou à une hausse inattendue dans la demande». «Cette politique se poursuivra au cours des prochaines décennies», a ajouté le ministre. Au-delà des assurances de ces monarchies du Golfe relatives à la stabilité, les déclarations de Riyad et de Doha et une réponse à Téhéran aux sanctions de Washington, l'Union européenne (UE) et leurs alliés relatives à son programme nucléaire. En effet, le chef de la commission économique du Parlement iranien, Arsalan Fathipour a déclaré dimanche : «Si les Etats-Unis et certains pays européens imposent des sanctions contre le pétrole et le gaz iranien, le prix du baril du pétrole grimpera à 250 dollars.» Avec les ambitions déclarées de Ryad de se doter de l'arme nucléaire, la situation ne fera que se compliquer davantage au Moyen-Orient. L'Iran est déjà accusé de vouloir se doter de l'arme atomique. Israël est une puissance en la matière, mais Tel-Aviv l'a toujours nié et voit en les ambitions de Téhéran comme un danger pour sa sécurité. Riyad aussi. Les Occidentaux sont inquiets des ambitions militaires de Téhéran. Un pays belliqueux à leurs yeux qu'il faut empêcher de se doter d'un arsenal nucléaire.