A bas les analyses, les verbes et les dictées, disait la chanson des écoliers. Depuis ce week-end, les vacances d'hiver ont commencé et ce n'est pas le froid de la saison qui découragera les enfants et adolescents pour se livrer à leurs jeux, bien qu'ils jouent autrement que les générations précédentes, préférant souvent les écrans de télévision, des cybercafés ou des salles de jeux électroniques. En tout cas, la pratique d'une programmation culturelle réservée aux enfants a progressé et, l'on constate que de nombreuses institutions culturelles dans le pays se sont attachées à développer ce qui pourrait devenir une tradition. Ainsi, du 20 au 26 décembre, la Maison de la Culture de Khenchela accueillera le Festival national du théâtre pour enfants. En parallèle, plusieurs théâtres régionaux organisent des journées nationales du théâtre pour enfants. C'est le cas de celui de Sidi Bel Abbés (12 au 30), de Tizi-Ouzou (12 au 21), de Batna (20 au 31). Le théâtre régional de Bejaïa propose également des programmes enfants qui débutent le 21 décembre. Ceux d'Oran (où l'on note un cycle de dessins animés) et de Skikda ne sont pas en reste, ainsi que le théâtre régional d'Annaba qui, n'attendant pas la cloche des vacances, a commencé depuis le 2 décembre à se consacrer aux jeunes publics. A Alger, le TNA est fermé pour travaux mais les salles El Mougar et Atlas, relevant de l'ONCI (Office national de culture et d'information), se sont mobilisées pour proposer, comme les théâtres régionaux, des spectacles pluridisciplinaires : théâtre, cinéma, marionnettes, musique, magie, burlesque. L'ONCI a étendu certains de ces spectacles dans la région d'Alger à travers des communes suburbaines, et ce, jusqu'à Tipasa. Mais les salles de la Cinémathèque algérienne semblent s'être tenues en marge de ce mouvement de culture enfantine et vacancière. Tout cela est encourageant et louable. Mais on est encore loin d'une véritable animation culturelle enfantine telle que pratiquée dans le monde. Par exemple, aucun spectacle ne précise les tranches d'âges auxquelles sont recommandés les spectacles. Sous le générique «programme pour enfants», on ne tient pas compte des différences énormes de niveaux de perception, de compréhension et d'adaptation de tel ou tel spectacle ou œuvre. Entre un enfant de trois ans et un autre de huit ans, par exemple, il y a tout un monde ! Autre problème, celui des enfants des zones rurales ou semi-rurales qui, faute d'infrastructures culturelles d'accueil, sont privées de toute animation, ce qui pourrait être compensé par des caravanes culturelles dotées de structures foraines. Par ailleurs, au vu de la contribution très faible de l'école au plan culturel et artistique, le risque est d'incruster progressivement (si ce n'est déjà fait) l'idée dangereuse que les vacances sont le moment privilégié de l'activité culturelle et que celle-ci ne peut cohabiter avec le savoir ! Les vacances sont les vacances mais la pratique culturelle doit être quotidienne.