En signe de reconnaissance, les présents ont rendu un vibrant hommage au défunt Boukhrissa qui avait fait de la criminalisation de la France coloniale une affaire de principe. Pour sa première sortie médiatique consacrée à El Watan, le nouveau président, qui multiplie les contacts pour la constitution d'un bureau en mesure de donner un souffle nouveau à la fondation, ébranlée ces dernières années par des frictions et des problèmes internes, rend publics les grands axes de sa feuille de route, pléthorique en dossiers «chauds» : «Nous allons tout entreprendre pour que les victimes du 8 Mai 1945 obtiennent le titre de chahid (martyr). Pour pouvoir classer les massacres du 8 Mai 1945 comme crime contre l'humanité, un dossier en béton sera constitué. La création d'un laboratoire relatif à cette période de l'histoire du pays est l'autre important volet de notre plan d'action, car le devoir de mémoire commande qu'aucun des épisodes de notre histoire ne soit passé sous silence.» Abdelhamid Salakdji lance une flèche en direction de la France : «Les crimes de guerre sont, qu'on le veuille ou non, imprescriptibles. La preuve, l'Allemagne vient d'ouvrir le dossier des massacres d'Oradour-sur-Glane commis le 10 juin 1944 par un régiment du reich. La France doit reconnaître les crimes perpétrés en son nom par l'administration et l'armée coloniale à l'encontre du peuple algérien. C'est la condition sine qua non pour l'ouverture d'une nouvelle page dans les relations entre les deux pays. Le temps est venu pour que la France emboîte le pas à l'Allemagne et à l'Italie, celle-ci vient de régler un vieux contentieux avec la Libye.»