La fin du ramadhan a signé l'arrêt par le président de la République des auditions des ministres. Celles-ci n'ont pas dérogé à la tradition : l'algérien n'a rien su de ce qui a été dit et rien appris sur l'état réel des secteurs d'activité concernés. Il a dû se contenter, comme d'habitude, d'un communiqué fleuve lu avec emphase au J T de vingt heures qui se caractérise par son absence totale de critique. Celui relatif à l'audition du ministre de l'Intérieur s'est même offert le luxe de faire l'impasse sur la situation sécuritaire du pays : rien sur le terrorisme qui s'accroche encore, sur le grand banditisme en plein essor et sur la délinquance grandissante qui empoisonne de plus en plus la vie des citoyens. Est-ce pour ne pas effrayer le citoyen que l'embargo a été décrété sur ces dossiers-clés ? Ou est-ce pour ne pas attiser la géguerre que se livrent les différents services de sécurité du pays ? Chefs-d'œuvre d'autosatisfaction au moment où le bateau Algérie fait eau de toutes parts, ces communiqués sont une autre facette de l'état de déliquescence dans lequel est plongée la gouvernance dans le pays. Car il y a réellement déliquescence, le tout dernier exemple étant les « réaménagements » introduits par la loi de finances complémentaire qui, par absence d'opportunité, ont déstabilisé l'ensemble du tissu économique national, public et privé. La vocation de la LFC était pourtant d'introduire des améliorations au contenu de la loi de finances 2009 adoptée fin décembre 2008. Elément aggravant, en dépit des appels au secours venant de toutes parts, le gouvernement est resté de marbre, ne tolérant que quelques concessions minimes sur le dispositif législatif avec le risque, qu'il semble assumer, de bloquer totalement la machine productive. La plupart des entreprises ont réduit leurs activités, celles du BTP sont entrées dans la phase agonisante, incapables de mobiliser la trésorerie nécessaire à leurs importations de biens et services. Pourtant, elles sont l'élément-clé d'une politique de relance économique. Les hausses des prix des produits de première et seconde nécessités attendues dans les prochains jours vont immanquablement aggraver le niveau d'inflation déjà placé à un seuil alarmant. Alors qu'il est à un seuil catastrophique, le climat des affaires s'est encore assombri suite aux dernières décisions gouvernementales et en l'absence de visibilité de la gestion du pays. L'économie est aujourd'hui bloquée comme l'est la vie politique, réduite aux seules activités protocolaires du chef de l'Etat. Le Premier ministre est toujours sans voix, signe de son effacement des affaires publiques — constitutionnalisée — et le Parlement prouve à chaque session qu'il n'a plus aucune raison d'exister en tant qu'institution créatrice de législation et veillant à contrôler l'Exécutif. L'opposition politique ne peut plus relever la tête. L'Algérie vogue tel un bateau ivre, vivier cependant pour une multitude de milieux liés à l'affairisme, la corruption et l'argent facile.