Etrange décision rendue publique par l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) ! Dans une lettre diffusée sur le site de cette agence, censée pourtant promouvoir les produits algériens destinés à l'exportation, il est indiqué, tout bonnement, que « l'exportation des produits à base de céréales subventionnées est interdite ». Cette note prend effet à partir du mois en cours, se référant à la même source. Les grosses cylindrées algériennes des pâtes alimentaires, à l'instar des groupes Sim et La Belle, sont les premières entreprises à être concernées par cette disposition, qui étonne plus d'un. Dans la dernière lettre de l'Algex, il est indiqué que « le couscous et les pâtes alimentaires made in Algeria ne seront plus disponibles sur les étals des pays étrangers à partir du mois de septembre 2009 ». Cette disposition est issue d'une circulaire confectionnée par le ministère du Commerce pendant le mois d'août dernier qui se réfère, lui, à une instruction émanant du Premier ministre. Les services des Douanes algériennes sont chargées de mettre en application ladite disposition. Sont concernés par cette mesure d'interdiction des produits tels que le blé dur, le blé tendre, l'orge, la semoule, la farine, les pâtes alimentaires, le couscous et le lait pasteurisé en sachet. Joint hier par téléphone, Mohamed Benini, directeur général d'Algex, a expliqué qu'« il est illogique d'exporter des produits faits à base d'aliments subventionnés par l'Etat algérien ». Notre interlocuteur a ajouté sur la lancée que cette mesure répond « aux équilibres macroéconomiques du pays. Les produits subventionnés doivent être consommés localement ». Les entreprises algériennes exportatrices de produits agroalimentaires sont informées de cette nouvelle mesure qui, a priori, limite leur territoire d'intervention sur le plan du commerce international. Le directeur général des Douanes nationales n'a pas traîné la patte et a adressé illico presto des correspondances aux différents services de son institution afin de bloquer toutes les exportations de produits faits à base d'intrants subventionnés par l'Etat. La note du directeur général des douanes date du 27 août dernier, référencée OFF/DGD. SIM et La Belle dans l'œil du cyclone Pour le directeur général d'Algex, cette disposition « n'est aucunement liée aux exigences de l'Organisation mondiale du commerce qui, elle, autorise par contre les opérateurs à émettre des réserves en cas de dumping ». Ces mesures semblent quelque peu contraignantes pour les producteurs algériens, surtout lorsqu'on sait que les subventions sont une pratique courante dans certains pays, à l'instar des USA et de certains membres de l'Union européenne. Au niveau de l'Agence nationale de promotion du commerce extérieur, l'on reconnaît que cette mesure « est intervenue brusquement et a fait réagir certains exportateurs, à l'image des sociétés SIM et La Belle qui ont de nombreux contrats en cours à l'export ». L'institution de Mohamed Benini, qui a pour mission de promouvoir l'activité d'exportation, nous apprend que les deux sociétés SIM et La Belle ont exprimé leurs inquiétudes auprès de l'Anexal. Contacté hier par nos soins, Tayeb Ezzraïmi, patron du groupe SIM, a assuré qu'il n'a jamais été question d'exporter, par son entreprise, des produits faits à base de matières premières subventionnées. « Nous importons les matières premières par nos propres moyens et nous exportons vers 29 pays, y compris les USA. Nous avons importé récemment 96 tonnes de blé pour les besoins de notre production et nous avons actuellement des milliers de tonnes de produits bloqués des suites de cette mesure », a-t-il affirmé. Le patron du groupe Sim, spécialisé dans la production de pâtes alimentaires, a ajouté que son entreprise a des contrats en cours avec 29 pays, mais qui sont gelés à cause de cette disposition introduite par le département de Hachemi Djaâboub. « Nous avons émis des recours auprès du ministère du Commerce et de l'Anexal et nous n'avons eu aucune réponse depuis déjà 25 jours. » Une fois de plus, le gouvernement semble se tromper de cible, lui qui ne cesse de chanter à chaque coin de rue sa politique de soutien à la production nationale et à la substitution aux hydrocarbures. Cette fois-ci, l'Exécutif s'applique à bien sanctionner l'appareil productif et les quelques investisseurs algériens qui se comptent sur le bout des doigts.