Plus de pouvoir pour le secrétaire général et moins de prérogatives pour le président d'APC, qui ne sera plus forcément une tête de liste… Comment comprendre les enjeux du nouveau code communal qui sera débattu à l'Assemblée lors de cette session d'automne ? « La faiblesse politique du maire en Algérie s'explique par la logique du régime qui est incompatible avec un pouvoir autonome quel qu'il soit, explique Lahouari Addi, professeur de sociologie politique à l'Institut d'études politiques de Lyon. Le régime algérien n'admet l'autonomie ni de l'Assemblée nationale, ni de la justice, ni de la presse, ni du syndicat, ni de l'université… Il n'y a aucune raison pour qu'il accepte l'autorité d'un élu local que les textes existants soumettent au contrôle du chef de daïra et du wali. Un maire n'a aucune importance en Algérie et n'a aucun poids politique dans sa ville. » M'hand Berkouk, politologue, maître de conférences à l'université d'Alger, résume : « La commune est composée de trois pôles : d'un côté l'élu avec un conseil, qui a pour pouvoir de délibérer. De l'autre, le secrétaire général, qui a pour mission l'exécution mais aussi l'initiation des projets. Enfin, il y a la société civile. Il faudrait inverser la distribution des rôles : le maire et son conseil ne devraient pas être écartés de l'initiation des projets de développement. » Et de poursuivre : « C'est un simple préposé aux services communaux qui gère la municipalité sous la supervision du représentant du gouvernement central, le wali. Il n'est d'ailleurs pas connu (ni reconnu) par les habitants de sa ville, alors que dans les démocraties, le maire d'une grande ville est connu à l'échelle nationale. Les Algériens, eux, ne connaissent pas les noms des maires des grandes villes : Alger, Oran, Constantine, Annaba… » Pour Lahouari Addi, le projet défendu par le ministère de l'Intérieur s'insère dans une logique de concentration du pouvoir exécutif qui fait croire que le pays est mieux géré lorsque la décision est centralisée. « La proposition de nommer par décret les secrétaires généraux des APC des villes de plus de 100 000 habitants a pour objectif de faire dépendre l'administration communale du ministère de l'Intérieur pour qu'elle soit autonome du maire. C'est un recul par rapport à l'ancien code. La décentralisation exige la démocratie, ce que précisément refusent les décideurs qui croient que l'Etat se réduit au pouvoir exécutif. » L. T. , Z. A. M.