Il pleuvait à torrent sur le chemin qui mène à la commune d'Aït Khelili, dans la daïra de Mékla, une localité située à 35 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. Mais le déplacement en valait la peine, ne serait-ce que pour sortir de l'anonymat un village : El Kalâa. Ce village de plus de 1000 habitants abrite l'essentiel des infrastructures publiques telles qu'une salle de soins, un bureau de poste et une école primaire que partagent 4 villages. En somme, ils sont près de 5000 âmes qui devaient y bénéficier. Le comité de village déplore le partage inéquitable des projets communaux de développement (PCD) et l'état d'abandon manifeste dans lequel sont plongés les biens publics. Mais, le premier vice-président s'en défend des reproches et soutient que les projets ont été équitablement partagés, mais qui sont au stade administratif. A travers les artères, il n'est pas rare d'apercevoir des citernes remplies d'eau près des portes ou sur les terrasses des maisons. Dans cette partie de la haute Kabylie on compte toujours sur les fontaines pour assouvir le besoin hydrique. « Nous avons deux fontaines dont le captage est menacé par un projet d'assainissement en cours de réalisation en amont des sources. Nous nous sommes opposés à ce projet préjudiciable à nos sources, qui consiste également en la construction de deux bassins collecteurs des rejets du village Aït Kheir », fulmine Arezki Hassaïne, membre du comité. Cette architecte de formation préconise : « Nous avons proposé, par contre, de réaliser une extension, en buses, sur environ 500 m en déviant la trajectoire du réseau vers le ravin. Mais on ne nous écoute pas. » S'engouffrant dans les venelles du village, au centre, l'état de l'école primaire Raber Boussaâd est préoccupant. L'établissement accueille 264 élèves des villages : El Kalâa, Bouachir, Sahel et Hichem. Sans gardiennage, on entre en passant par un portail défoncé. Là, on apprend que le gardien est en congé et aucun remplaçant n'est disponible. Dans la cour délabrée, des amas de sable, des débris indiquent que l'établissement est en chantier. Le bureau exigu du directeur est une pièce d'environ 4 m2. Entre ses murs s'encombrent 4 employées recrutées dans le cadre du filet social. « Je viens juste d'être affectée dans cette école… ». Soit. Ce qu'il y avait à constater en dit long sur la mauvaise gestion et le laisser-aller des autorités locales. Ecole dans le dénuement En plus de l'étanchéité du toit qui est en réparation, un mur de soutènement est en cours de construction… en début de cette année scolaire ! Il n'y a pas d'eau. Ici, on se sert de l'eau d'une citerne pour le parterre et les toilettes. Question pertinente : à cette période de l'année êtes-vous approvisionnés en mazout ? Bien sûr que non. D'ailleurs le directeur affirme que c'est le cas de toutes les écoles primaires à cette période. En face, un bureau de poste méconnaissable. Les murs sont décrépis et la boiserie gonflée. « Les prestations sont assurées par la fenêtre et ce n'est pas l'espace qui manque à l'intérieur », commente Arezki. A quelques encablures, plus haut sur une crête, une salle de soins flambante neuve est laissée aux quatre vents. « Saccagée, puis rénovée, elle n'a pas ouvert les portes depuis une année », dit le villageois, avant d'ajouter, « il manque l'équipement et le personnel. Pis aucune ambulance à l'échelle de la commune ». Les urgences sont dépêchées à Mékla. « Nous avons décidé de nous installer ici, et y travailler. Donc, mieux est de créer toutes les conditions de vie nécessaires », dit M. Hassaïne. Le comité de village, selon notre guide, « a mis à la disposition de l'APC une assiette foncière dans le but d'aménager une aire de jeux dont j'ai moi-même élaboré le plan de manière à ce qu'elle ne gène pas les prestataires de la salle de soins, mais l'APC s'y oppose », déclare-t-il. « En dehors d'un projet d'assainissement et la réalisation de caniveaux, aucun projet ne nous a été retenu par l'APC », conclut-il. Dans une requête adressée au maire d'Aït Khelili, d'obédience FLN, figure une batterie de doléances. Parmi elles, l'alimentation en eau potable depuis le barrage de Taksebt, l'extension du réseau électrique, l'aménagement d'une aire de jeux, aménagement de la place publique et une décharge d'ordure, un ralentisseur devant l'école primaire. Mais également la réouverture de la salle de soins à l'arrêt depuis un an. Ces doléances traînent depuis 2006, selon les membres du comité. Pour sa part, le premier vice-président que nous avons pu joindre par téléphone estime : « Que les préoccupations des villageois sont prises en charge. S'agissant de l'extension du réseau électrique, une étude vient d'être déposée au niveau de la Sonelgaz. Par ailleurs, le dossier de l'alimentation des villages, dont El Kalaâ, en eau depuis le barrage de Taksebt est sur le bureau de la direction de l'hydraulique. » Quant à la salle de soins, l'élu préconise : « La salle est désormais prête à accueillir les équipements et le personnel pour peu que la direction de la santé le fasse vite. » Cependant, notre interlocuteur, insiste sur le fait que « le terrain dégagé par le comité en vue d'accueillir une aire de jeux n'est pas adéquat en raison de sa proximité de la salle de soins et le cimetière. »