Le discours de Abdallah Djaballah, président du parti Justice et développement (PJD), publié sur le quotidien Al Khabar, le 25.03.2012, devrait interpeller tout(e) Algérien(ne) conscient(e) des pratiques politiques qui tirent davantage le pays vers le bas. Cette interpellation doit nous unir pour réagir, ensemble, contre les propos du discours morbide qui a rebondi encore une fois dans le lieu public. Par obligation, on doit «dénoncer», haut et fort, le contenu de ce discours insignifiant, creux, et «dangereux» pour la sécurité de nos vies et celles de nos enfants. Ce monsieur a démontré clairement par des «paroles» qui ne sont pas les «siennes», qu'il est sur un champ politique «miné» et qu'il n'a, malheureusement, aucune compétence pour déminer ce chantier, afin que les Algériens(nes) puissent vivre une vraie expérience pour promouvoir leur citoyenneté socio-économique, culturelle et politique. Il se place en «commandeur» pour inciter les Algériens(nes) : «à couper toute main (mauvaise) qui ose s'approcher des urnes pour modifier le résultat.» Toutefois, bien que la justice en Algérie ne soit pas toujours autonome et que sa mission reste encore loin pour soumettre toutes les personnes sans exception, au-dessous des lois de la République, cela ne devrait pas, en principe, pousser des personnes, quelles que soient leur place et leur autorité, à se mettre à la place de cette structure pour être le seul juge. Cet appel est dangereux et les problèmes des Algériens(nes) s'aggravent davantage si cette personne continue à utiliser ce langage. Le discours politique se construit grâce au travail qui devrait se faire par l'homme politique dans toutes les sphères de la vie. Il doit avoir les moyens matériels de son propre discours. Ces moyens sont le travail et l'effort qui se font auprès des populations et dans les institutions, censées éduquer, former et produire non pas de la marchandise seulement, mais plus encore, l'homme libre, cultivé, émancipé et ouvert à tout débat contradictoire. Voilà ce qui peut honorer et valoriser le (la) musulman(e). Régler les problèmes matériels que l'Algérien(ne) rencontre dans sa vie de tous les jours, lui permettra effectivement, d'aller vers «Dieu», non pas par désespérance et fatigue, comme il le fait tout les jours, mais par fierté d'être musulman. Voilà monsieur un petit aperçu sur la vraie «fonction» de l'homme politique, que nous n'avons pas développée depuis l'indépendance et nous continuons à souffrir à cause de son absence. Le discours de la politique se construit dans le temps. Il est en rapport avec les idées des hommes qui ne sont que des situations temporelles et séculières. La politique comme «métier» est en réalité un travail pénible. Il exige un engagement pour régler les situations comme l'éducation, le travail, le logement, la santé, la sécurité des biens matériels, physiques, moraux et enfin, veiller à ce que les libertés individuelles et collectives soient respectées. L'homme politique est un homme public. Il vit plus pour le peuple que pour sa famille. Il n'arrête pas d'évaluer ses initiatives et ses actions afin de les ajuster et les orienter, non pas par rapport à ses goûts et à ses propres perceptions, mais par rapport aux besoins et aux demandes exprimées par les différentes couches sociales de la société. Les erreurs sont humaines et l'homme politique doit consulter des experts, doit lire les recherches et fréquenter les bibliothèques pour se mettre à jour. Les experts en politique ont produit une définition simple et claire. Ils ont inscrit dans leur manuel que la politique est un métier qui : «fonctionne avec des idées et des actions (mouvantes). Elles sont appelées à changer afin de suivre les transformations provoquées par des actions politiques préliminaires, établies et dirigées en effet, par l'homme politique lui-même.» Le travail de l'homme politique est donc de «veiller» à ce que la société évolue pour mesurer la validité de son projet et l'efficacité des actions entamées pour améliorer les situations données. C'est le nom de cet «homme politique» qui se gravera dans les esprits et deviendra un monument historique. C'est ce nom qui s'inscrira dans la mémoire des générations et celle de toute l'Algérie. En revanche, le dogme religieux et son discours ne changent pas. Le discours de la religion n'est pas celui de la politique parce que le premier n'appartient pas à l'homme et il n'est pas non plus son produit. Le discours religieux n'a pas changé depuis et ne changera pas dans le futur. C'est un ordre divin, établi et conçu par sa propre bénédiction. Le champ du politique relève du «profane», alors que celui de la religion relève du «sacré». Il y a tout un monde entre celui du «sacré», le monde propre, celui de la religion, que tout homme, sans exception, peut sentir, à condition qu'il accède par sa propre expérience privée, à l'éthique «morale». Paradoxalement, la politique s'inscrit dans un «champ compétitif humain». Son outil est le calcul rationnel qui tente de résoudre des problèmes de la vie sociale. Les politologues ont dit que le métier de la politique est : l'art de gérer les différences. Il faut savoir que l'Algérie ne peut pas tenir devant d'autres conflits «intestinaux», comme celui du «terrorisme». Il ne faut pas oublier que l'Algérie est fragile. Le phénomène de la harga, l'immolation des jeunes et les derniers suicides de petits anges enfants de la Kabylie, vous obligent, vous les hommes qui prétendez être en mesure de trouver des solutions miraculeuses à nos problèmes et vous poussent aussi pour que vous vous fermiez dans une pièce de vos villas spacieuses, afin de revoir vos calculs. Mettez-vous devant un miroir et lisez ce conseil, vous allez pouvoir réussir, peut-être, à faire sortir le (djen) mécréant qui vous habite et vous trouverez la voie de la raison, «Inchallah». – Références : Les propos rapportés par le journaliste Boubekeur Makhloufi. Bordj Bou Arréridj. El Khabar, du 25.03.2012. quotidien sous le N° 6665.