Issad Rebrab démolit, l'intervalle d'une courte interview, les procès d'intention que lui intentent ceux qui veulent le voir partie prenante dans une guerre des clans, alors qu'il est la cible de ces mêmes clans. Dans un entretien accordé, hier, à la télévision France 24, Issad Rebrab, patron du groupe agro-industriel Cevital, a déjoué les manœuvres de ses détracteurs enclenchées à la suite du rachat d'actions du groupe El Khabar par Ness-Prod. Le capitaine d'industrie a, en effet, annoncé la mise en vente de la majeure partie des actions d'El Khabar pour mettre fin aux procès d'intention qui lui sont faits. "J'ai décidé de mettre la majorité du capital du groupe El Khabar à la Bourse d'Alger", a-t-il annoncé, ajoutant que "tous les Algériens qui défendent la liberté d'expression pourront devenir actionnaires". Cela dit, El Khabar sera le premier groupe de presse algérien à entrer en Bourse et le premier média national dont les actions seront ouvertes au public. Issad Rebrab ne veut pas faire les choses à moitié. Il a, par ailleurs, annoncé sur sa page tweeter, qu'au-delà de l'entrée en Bourse du groupe de presse El Khabar — dont Ness-Prod a acquis des actions —, un comité de surveillance composé "de personnalités indépendantes", chargé de veiller à l'éthique et à la déontologie professionnelles, sera mis en place. De plus, une charte interne au groupe de presse garantira le droit de la rédaction à s'exprimer librement, mais aussi assurera le strict respect des règles du métier de journaliste. Avec cette nouvelle sortie, le P-DG de Cevital sonne le glas à la politisation voulue par ses détracteurs de l'affaire dite El Khabar, à travers les entreprises du ministre Hamid Grine et des déclarations du chef du FLN, Amar Saâdani. Cette décision d'introduire El Khabar en Bourse, de l'avis des spécialistes, remet aussi le débat dans son contexte effectif qui est celui d'une cession d'actions d'une entreprise au profit de l'autre, loin de toute autre considération extra-commerciale. "Je ne fais pas de politique" L'entretien de M. Rebrab à France 24 se veut aussi une réplique à ceux qui l'accusaient, dans le sillage de l'affaire d'El Khabar, de vouloir entrer dans l'arène politique et de servir de porte-voix à l'ex-patron du DRS, en prévision de la présidentielle prévue en 2019. "C'est archi-faux", a-t-il clamé. Et d'ajouter : "Je ne fais pas de politique, et je n'en ai aucune ambition." Il a précisé, par ailleurs, que sa seule passion "est la création de richesses et d'emplois". "Ma seule ambition est la construction économique de l'Algérie. Une contribution à l'essor du secteur économique dont le pays a grandement besoin", a-t-il ajouté. Le patron de Cevital ne s'est pas contenté, uniquement, de ces mises au point. Il a tenu à démentir tout soutien des services de sécurité à ses projets. "Les services de sécurité ne m'ont jamais soutenu, ils ont même bloqué quelques-uns de mes projets", a-t-il dit, apportant ainsi un démenti cinglant aux assertions de ceux qui le présentaient, tout récemment, comme un pur produit de l'ex-DRS. Interrogé par le journaliste de France 24 sur le blocage de ses projets par de hauts responsables de l'Etat, M. Rebrab a souligné que, certes, "des décideurs" en seraient à l'origine, dont "certains" qui gravitent autour du frère du Président, mais exclu l'existence d'une quelconque volonté de la part de Saïd Bouteflika, le frère cadet du chef de l'Etat, de lui nuire. Toujours à propos du blocage de ses projets en Algérie, l'invité de France 24 a déclaré qu'il continuera à se battre en Algérie. Ce combat qu'il compte mener est celui d'un industriel soucieux d'apporter sa contribution à l'édification d'une économie diversifiée, de créer des richesses et des emplois aux contingents de jeunes qui atterrissent sur le marché du travail. "Je n'ai pas de patrie de rechange", a encore asséné le patron de Cevital, rappelant, à ce propos, les sacrifices de sa famille pour la libération du pays du joug colonial, dont son frère aîné, tombé au champ d'honneur à la fleur de l'âge. Concernant une rumeur qui avait circulé sur sa probable arrestation en octobre 2015, Issad Rebrab a confirmé avoir été informé, officiellement, du lancement d'un mandat d'arrêt contre lui, avant son annulation. Mohamed Mouloudj