Les ministres du Commerce, des Transports, de l'Habitat et de l'Urbanisme, de la Jeunesse et des Sports ont répondu hier aux questions des députés, lors d'une séance plénière. Avant d'entrer dans le vif du sujet, les députés, auteurs des interrogations, ont tous signalé le retard accusé dans la programmation de leurs questions. Ces dernières datent toutes d'avant juin 2008, soit plus d'une année. S'adressant au ministre du Commerce, une députée du FLN s'est indignée de l'existence dans notre pays de commerces de vêtements d'occasion (friperie). Elle a interrogé El Hachemi Djaâboub quant à l'objectif visé à travers l'autorisation de ce type de marché qui porte, selon elle, atteinte à la dignité des Algériens. En guise de réponse, le ministre a expliqué que le marché de la friperie était interdit lorsque l'Algérie avait, dans les années 1970 et 1980, le monopole sur le marché, mais après l'ouverture opérée à partir des années 1990, ce commerce a été autorisé par les pouvoirs publics. Toutefois, une batterie de mesures et de conditions a été élaborée par les autorités pour soumettre cette activité à un contrôle très rigoureux. Les vêtements importés sont, selon le ministre, traités aux rayons gamma et passent automatiquement au dépoussiérage. « Il est quasiment interdit d'importer ces vêtements des pays ayant des maladies contagieuses, comme il est interdit d'importer les sous-vêtements et les couvertures. La loi stipule également que les vêtements de friperie ne doivent pas être mélangés ou vendus avec les vêtements neufs », a précisé le ministre. Détaillant ses propos, M. Djaâboub a donné le nombre de commerces activant dans le domaine de la friperie : ils s'élèvent à 6704, dont 240 marchés de gros et 164 unités de triage. En 2007, près de 10 millions de dollars ont été consacré à l'importation des vêtements d'occasion contre 13 millions de dollars en 2008. En comparaison avec les pays voisins, la Tunisie a déboursé en 2008, dans ce commerce, 14 millions de dollars alors que le Maroc a importé des vêtements d'occasion pour une enveloppe de 21 millions de dollars. Les commerçants algériens importent généralement ces produits d'Italie, de Suisse, de France et de certains pays arabes. Non convaincue de la réponse du ministre, la députée a regretté l'existence d'un tel commerce qui constitue, d'après elle, un véritable danger pour la santé des Algériens. Pour toute réplique, M. Djaâboub a lancé à la députée que les parlementaires peuvent introduire une requête pour demander l'annulation de ce genre de commerce. Un autre député s'est interrogé sur l'anarchie qui règne au niveau des marchés de gros. Tout en évoquant l'absence de marchés de proximité, le député ne comprend pas le phénomène de la spéculation et de la concurrence illégale qui font des ravages en Algérie. Le ministre du Commerce a saisi cette opportunité pour rappeler que son secteur est resté à la traîne parce qu'il n'a jamais bénéficié d'une enveloppe financière consistante, à l'instar des autres département ministériels, d'où la situation désastreuse à laquelle sont confrontés les marchés de gros et les abattoirs et toutes les insuffisances constatées à tous les niveaux. Cette année, s'est réjoui le ministre, son département a eu droit à un budget digne de ce nom, ce qui lui a permis d'élaborer un programme qu'il a présenté à deux reprises en Conseil des ministres. « Il nous a fallu deux longues années pour établir un état des lieux du secteur. Partant de ce principe, nous avons élaboré un programme qui a été approuvé par le gouvernement. Nous sommes en train de l'appliquer. Nous allons ainsi créer des marchés de proximité et de vente en gros. » Les exportateurs doivent acheter la matière première eux-mêmes Par ailleurs, M. Djaâboub a confirmé l'interdiction de l'exportation de produits alimentaires subventionnés par l'Etat, notamment les pâtes ou le couscous exportés par certains opérateurs privés. « Ces produits alimentaires, de blés tendre et dur, sont subventionnés par l'Etat qui les achète à 4000 DA le quintal et les cède aux minoteries à 2000 DA le quintal afin que le citoyen puisse acheter la farine et la semoule à des prix raisonnables », a-t-il noté. Cependant, a précisé le conférencier, les opérateurs privés qui désirent exporter ces produits devraient importer la matière première avec leurs propres fonds. A une question relative à l'approvisionnement du marché en ciment, le ministre a répondu que les premières quantités que l'Etat a décidé d'importer – un million de tonnes – arriveront en Algérie entre le 20 et le 22 octobre prochains. Le recours à l'importation de ce produit est inévitable de l'avis de M. Djaâboub afin de compenser le déficit existant en la matière et qui s'élève à 1,5 million de tonnes. Par ailleurs, sur le chapitre ayant trait à la jeunesse et les sports, le ministre de tutelle, Hachemi Djiar, a évoqué l'élaboration par son staff d'un projet de loi relatif à la lutte contre la violence dans les stades. Un groupe de travail a été constitué pour la finalisation de ce texte de loi. Le gouvernement, rassure le ministre, a pris en charge ce phénomène et compte le régler de manière graduelle. Seulement, la responsabilité de l'éradiquer est collective et n'incombe pas à un seul secteur, a noté M. Djiar, qui précise en outre que la prévention demeure le meilleur moyen de lutte contre ce fléau, qui n'est pas propre à l'Algérie. « Lutter contre la violence est l'affaire de tous : la famille, les clubs sportifs, les comités de supporters, l'école, les élus locaux et le ministère », a indiqué le ministre. Evoquant la politique nationale du sport, le ministre a soutenu que des dossiers ont été élaborés à partir de cette politique, notamment celui du football qui va faire incessamment l'objet d'un examen en conseil interministériel, avant d'être soumis au Conseil des ministres.