Cela étant, il me semble que le taux de participation officiel est invraisemblable vu le rejet bien réel chez les gens avant les élections. Je pense que ce taux est, d'une manière ou d'une autre, préfabriqué, d'autant plus que les autorités ont prolongé l'ouverture des bureaux de vote dans plus de 1/3 des communes, et je ne crois pas que c'est parce que les gens se bousculaient au portillon mais parce que, justement, les bureaux de vote étaient dans une quasi-oisiveté. Mais d'une manière plus globale, j'ai quatre remarques à faire : 1. Je ne crois pas que l'honnêteté du scrutin soit le souci majeur des autorités vu l'habitus d'un système qui, manifestement, a atteint ses limites historiques – il le reconnaît lui-même – mais qui n'est pas encore en mesure d'admettre un désaveu populaire. 2. Après tout, le taux de participation annoncé (environ 43 %) n'a pas été à la hauteur de la publicité tous azimuts et des moyens mis en œuvre pour motiver les gens. De même, il n'a pas été à la hauteur d'une élection qu'on n'a pas hésité à qualifier de décisive pour l'avenir de la nation. Les autorités du pays sont même allées jusqu'à la comparer au référendum de juillet 1962 mettant fin au colonialisme ! Après tout, pour une élection de cette importance, il aurait fallu un taux dépassant les 85 %. Pour moins que ça, ce taux a été de presque 80 % en France pour les dernières élections présidentielles. Je dis pour moins que ça, parce que les élections dans ce pays se sont déroulées dans la «continuité républicaine». 3. Il faudrait affiner le taux de participation officiel pour voir la part des moins de quarante ans qui ont daigné aller voter. 4. Cette élection ne va pas résoudre la crise nationale pour la simple raison qu'elle a été conduite par un système profondément contesté, au lieu qu'elle soit l'aboutissement d'un consensus national. Cela dit, il faut se rendre à l'évidence que rien n'est encore joué, parce qu'on ne sait guère ce qui pourra advenir dans les jours et semaines à venir. Il faut donc attendre pour voir plus clair, notamment la répartition des sièges à l'Assemblée et la configuration du prochain gouvernement.