La journée du 29 novembre a été vécue comme un non-événement par une grande majorité de l'électorat oranais où 24% des électeurs ont voté. Ce constat chiffré renseigne sur l'étendue d'un scrutin qui ne semble pas susciter les réactions escomptées. Dès 8h du matin, les principaux bureaux de vote situés au centre-ville et au niveau de la périphérie ont ouvert leurs portes, discrètement quadrillés par les policiers. À partir de 11h, le secrétaire général de la wilaya annonçait les premiers chiffres concernant le taux de participation, soit 4,58% et 4,50% pour le scrutin de l'APC et de l'APW. Au bureau de vote Taïbi-Boumediene à haï Zitoune, les électeurs se comptaient sur les doigts d'une seule main, selon un encadreur aguerri. “C'est la première fois que j'assiste à une chose pareille. Jusqu'à 16h, les électeurs ne se bousculaient pas au portillon. Du jamais vu”, affirme notre interlocuteur. Une vieille dame lance à la cantonade, exhibant fièrement son bulletin de vote : “Il faut que les gens votent, car c'est un devoir national.” Comme elle, plusieurs personnes âgées ont fait le déplacement aux bureaux de vote. “Vous comprenez, les jeunes d'aujourd'hui veulent tout et très vite. Il faut qu'ils commencent par voter”, lance un vieux monsieur au sortir du bureau de vote Bencheneb. Au niveau des bureaux de vote du centre-ville, des dizaines de jeunes observent tranquillement les rares votants. “On nous dit de voter, c'est bien. Mais pour qui et pour quoi faire”, affirment-ils. Même au niveau du quartier cossu de St-Hubert, les bureaux de vote n'ont pas enregistré beaucoup d'électeurs. À l'exemple de l'école Rouis-Rayah, qui a enregistré une forte abstention de l'électorat. “Nous avons enregistré 51 votants sur les 311 pour un seul bureau de vote, soit à peine 17% du taux de participation”, affirme un encadreur. Dans les localités avoisinantes comme Gdyel, Hassi-Mefsoukh et Sidi El-Bachir, les taux de participation n'ont pas dépassé les 16% aux environs de 17h. Cet état de fait s'explique par la diversité de la composante humaine à Oran, ville cosmopolite par excellence. L'esprit de tribalisme y est absent, mais cette explication ne convainc pas les spécialistes. Les zones rurales de la wilaya d'Oran ont connu le même taux de participation, ce qui dénote le désintéressement des électeurs de ces régions où l'esprit du tribalisme est pourtant bien enraciné. À Oran, 12 formations politiques ainsi que 5 listes indépendantes briguent 274 sièges à l'APC et 51 sièges à l'APW. K. REGUIEG-YSSAAD