Ce n'est qu'en fin d'après-midi, une fois que la température a baissé d'un cran, que les électeurs ont commencé à affluer, par petits groupes, vers les bureaux de vote. A l'école primaire Larbi Tebessi, réservée à la gent féminine, les conjectures au sujet du taux de participation allaient bon train. «On s'y perd avec ce grand nombre de partis en lice ; le fait de ramasser 49 bulletins n'est guère une sinécure», se plaint une électrice, alors que d'autres ne cachent pas leur désarroi face à cette inflation de listes. «De toute façon, les dés sont pipés. Nous savons que c'est le FLN qui va rafler le plus grand nombre de sièges», prédit une votante, qui, sans conviction, a fait le déplacement à l'école Larbi Tebessi. Dans la matinée du jeudi, les rues de la ville étaient animées, tandis que les bureaux de vote restaient déserts. A Hassi Messaoud, qui n'est pas en reste des pratiques politiques usitées à travers les autres wilayas du pays, plusieurs activistes affiliés à différents partis politiques n'ont pas raté l'occasion pour accoster discrètement les électeurs, surtout les vieilles dames, pour les convaincre de votre pour leur liste. Ne ménageant aucun effort, des militants de partis politiques ont également fait miroiter aux jeunes, le jour du scrutin, la promesse d'un logement ou d'un poste de travail pour qu'ils votent pour eux. Des électeurs rencontrés au niveau des bureaux de vote affirment être venus accomplir leur devoir de citoyen, comme tout le monde, tout en nuançant : «Nous ne sommes pas dupes, nous savons qu'ils ont besoin de nos voix pour renvoyer l'image d'une ‘‘démocratie'' à l'opinion internationale. Tout compte fait, ces élections se résument à peu près à cela.» «Regardez autour de vous, nous souffrons et luttons au quotidien pour pouvoir s'offrir un logement, tandis que les jeunes de la ville peinent à trouver du boulot. A Hassi Messaoud, tout s'entremêle au point de ne pas pouvoir voir le bout du tunnel, vu l'état de dégradation avancée dans lequel se trouve la ville depuis 10 années», s'accordent-ils à dire. Depuis la décision ministérielle de geler toute nouvelle activité en ville, nombre de projets, déjà insuffisants, sont restés bloqués jusqu'en mars dernier où ce gel a été levé. Nos interlocuteurs ajoutent : «Qu'ont fait les députés issus des élections législatives de 2007 pour améliorer le quotidien des habitants de Hassi Messaoud, une ville clochardisée ?» Et de conclure : «Le changement, ça ne sera pas pour demain !»