Grande polémique autour du nouveau stade de Tizi Ouzou ! L'annonce d'attribution provisoire du marché de construction de cette infrastructure fait grincer les dents. La sélection du groupement d'entreprises composé de FCC construction (Espagne) et de l'ETRHB Haddad (Algérie) pour prendre en charge la réalisation du stade n'est pas du goût de l'un des quatre soumissionnaires, en l'occurrence MCC Chine. Les Chinois crient d'ores et déjà au scandale. Ils se disent lésés et ils dénoncent « l'exercice du favoritisme au profit de l'ETRHB-Haddad ». L'entreprise MCC Chine a, bien sûr, introduit un recours qui n'est toujours pas examiné. Dans le texte envoyé, le 20 juillet 2009, aux membres de la Commission nationale des marchés (CNM), les représentants de la société chinoise relèvent « des irrégularités » dans l'attribution dudit marché. Dans la forme, MCC Chine note d'abord l'absence de la note obtenue par le lauréat dans l'avis d'attribution provisoire du marché en question. Se référant au texte de l'avis d'appel d'offres national et international lancé, la société cite l'une des exigences principales que le soumissionnaire doit remplir s'il aspire à remporter un tel projet. Il s'agit, notamment, de la condition portant sur la spécialisation dans le domaine du bâtiment et la réalisation d'au moins un stade de 40 000 places. « Le présent appel d'offres national et international s'adresse aux entreprises ou groupement d'entreprises ayant le certificat de qualification et classification professionnel classés à la catégorie 8 ou plus dont l'activité principale est le bâtiment et l'activité secondaire sera les travaux publics, ayant réalisé au moins un projet similaire (stades de 40 000 places couvertes), pour les nationaux ou équivalent pour les entreprises ou groupement d'entreprises étrangères. En cas de groupement, le chef de file doit être majoritaire et doit possèder la catégorie 8 ou plus et les autres membres de groupement ayant la catégorie 6 ou plus », précise l'article 4 dudit appel d'offres. Le même texte exige de chaque soumissionnaire de présenter des pièces prouvant qu'il dispose de capacités et de ressources nécessaires pour mener à bien l'exécution du marché. Il doit également présenter des preuves confirmant ses réalisations antérieures. Ainsi, MCC Chine estime, de par son expérience dans le domaine – elle a même participé à la construction du stade olympique de Pékin, connu sous le nom « le nid d'oiseau » –, qu'elle est plus apte à avoir la meilleure note technique. « Si le critère de choix est basé sur le moins-disant, le groupe Lena et la Sarl Seddiki auraient obtenu le marché. Mais si celui-ci avait été le mieux-disant, MCC Chine est bien placée », note encore l'entreprise chinoise. Selon elle, l'ETRHB Haddad ne répond à aucune de ces conditions, alors que la fiche technique de l'entreprise espagnole « prouve que celle-ci n'a pas l'expérience requise ». Quels sont les critères pris en compte dans le choix du groupement FCC construction - ETRHB Haddad ? Selon les représentants de l'entreprise contestatrice, le problème ne serait pas posé si la Commission nationale des marchés avait examiné son recours et a confirmé le choix porté par la direction de la jeunesse et des sports (DJS) de la wilaya de Tizi Ouzou sur le groupement en question. Mais avant même la réunion de ladite commission et avant l'attribution définitive du marché en question, une missive de la DJS de Tizi Ouzou surprend MCC Chine. Elle l'invite à retirer sa caution de soumission. « J'ai l'honneur de vous informer que votre caution en qualité de soumissionnaire non retenu est libérée suite à l'attribution provisoire du marché. A cet effet, je vous invite à déléguer votre représentant (…) pour retirer ladite caution », écrit la DJS dans sa lettre n°1600, envoyée au directeur de la société MCC Chine le 27 septembre dernier. Ce document laisse pantois les représentants de MCC Chine. Intrigués, ils soupçonnent alors l'existence « d'une volonté de les disqualifier avant terme ». Pourquoi ? La DJS a-t-elle respecté la loi régissant l'attribution des marchés ? Pour les Chinois, la restitution de ladite caution ne se fait qu'une fois la Commission nationale des marchés a avalisé l'avis d'attribution provisoire. Ce qui n'est pas encore fait. « Un dossier confidentiel », selon le responsable de la CNM. Pour sa part, la DJS dit avoir fait son choix sur deux critères : les qualités techniques du chef de file du groupement qui est FCC construction et son offre financière (34 milliards de dinars) qui est meilleure que celle des Chinois qui s'élève à 37 milliards de dinars après un rabais de 5% de l'offre initiale (lire l'article de Nourdine Douici). Contacté par nos soins pour avoir son avis sur le sujet, le premier responsable de la Commission nationale des marchés semblait dérangé par notre appel. « C'est un dossier confidentiel. Vous croyez que je vais vous donner des informations sur le sujet parce que vous êtes journaliste d'El Watan », déclare-t-il. Ce n'est pas tout. Ce responsable s'est mis tout de suite en colère et nous déclare : « Vous n'avez pas à vous mêler de ce dossier. Vous risquez d'être poursuivi en justice. »