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Belles et rebelles
Publié dans El Watan le 30 - 06 - 2012


Paris. De notre bureau

Figures emblématiques ou anonymes, les femmes n'ont pas été à la marge, loin s'en faut, du combat pour l'indépendance de l'Algérie et ensuite de la construction d'un Etat et d'une société qu'elles voulaient démocratique, juste et de progrès. Malgré l'âge, leur engagement se conjugue toujours au présent et leurs valeurs, vivaces et pérennes, sont un exemple pour les jeunes générations. Si les dirigeants les ont renvoyées à leurs foyers, voire reléguées aux oubliettes, elles sont notre mémoire, et aussi une partie de notre histoire partagée algéro-française et la preuve qu'un engagement pour une cause juste ne se connaît pas de frontière (de sexe, de race, d'origine).
Un artiste, Mustapha Boutadjine, dans l'exposition* qu'il consacre à quelques-unes de ces femmes, nous rappelle, à juste titre, combien, dignes, belles, réfractaires à toutes les formes d'injustice, elles sont une bouffée de liberté et une boussole pour des jeunes en quête de repères. Gisèle Halimi, un des principaux avocats des combattants et combattantes du FLN et célèbre militante des droits des femmes, souligne : «Avec les moyens qui lui sont propres, Mustapha
Boutadjine célèbre les Algériennes qui se sont battues hier pour l'indépendance de leur pays et, aujourd'hui, pour faire progresser l'égalité entre les femmes et les hommes. Egalité qui est au cœur des avancées de toute société. Je souhaite que cette exposition donne sens à ce combat et rencontre le succès qu'elle mérite.» Faisons-y un tour…
La première de ces femmes, millénaire et éternelle, c'est Tamazgha, «née berbère et libre», dont le portrait majestueux, créé par Mustapha Boutadjine d'après une photo de Marc Béranger, ouvre l'exposition. Tamazgha, «mère de toutes les résistances, des combats, des chants, ouvrière d'espoir et d'engagement. Berbérité. Terre immense. Des Aurès à la route du sel, du frémissement jusqu'à la révolte, des peuples épris de justice et d'eau claire, affamés d'avenir et de peur, assoiffés d'ivresse, des lendemains lumineux se lèvent depuis toujours. Mère des luttes, des certitudes. Femme de tous les matins à venir qui élève nos maux à dire et nos voix à graver. Liberté», peut-on lire sous la plume de la poétesse Ouahiba Aboun Adjali.
Simone de Beauvoir, grande intellectuelle et féministe française qui, avec son compagnon Jean-Paul Sartre, s'est entièrement engagée contre la torture pratiquée par l'armée française sur les combattants du FLN. Dans un témoignage paru dans l'Humanité en 2000, Gisèle Halimi écrit : «Le 24 juin 1960. Conférence de presse du comité pour Djamila Boupacha, Simone de Beauvoir préside. Elle résume les faits. Djamila Boupacha, jeune algérienne membre du FLN, a été arrêtée, mise au secret, ignoblement torturée par les paras français, violée alors qu'elle était vierge et musulmane pratiquante. J'avais pu rencontrer Djamila
Boupacha à la prison Barberousse, voir sur son corps les traces de tortures, les seins brûlés par les cigarettes, les côtes brisées par les coups. J'ai décidé d'être son avocate. J'ai alors fait appel à Simone de Beauvoir. Ce fut bref et sans détour. Que voulez-vous que je fasse ? me dit-elle. Que vous écriviez un article dans Le Monde. Elle écrivit : ce qu'il y a de scandaleux dans ce scandale, c'est qu'on s'y habitue».
En face de Simone de Beauvoir, le portrait de Djamila Boupacha, accompagné d'un texte de la revue Algériades. Puis, Danielle-Djamila Minne, accompagnée d'un texte de Mina, journaliste. Puis, encore Hassiba Ben Bouali. Et aussi Raymonde Peshard et Louisette Ighilahriz. De cette dernière militante, Rosa Moussaoui, journaliste à l'Humanité, rapporte : «Sa voix comme son regard exhalent une exquise douceur. A 76 ans, Louisette Ighilahriz reste une jeune indépendante, ‘‘jalouse'' de son ‘‘autonomie''. Dans les rues d'Alger, lorsqu'ils la croisent, des jeunes gens, des jeunes filles l'arrêtent, la saluent avec tendresse et respect… Les fantômes de Graziani, de Massu, de Bigeard la hantent toujours, chaque nuit. ‘‘Quand les sévices cessent, la torture morale continue. Vous la payez cher, c'est la plus terrible des privations de liberté'', souffle-t-elle. Malgré le poids de la souffrance, Louisette Ighilahriz reste une combattante de la justice sociale, de la démocratie, une militante de la mémoire. Une féministe aussi, convaincue que les jeunes algériennes sauront trouver, à leur façon, le chemin de l'émancipation».
Juste après, Ourida Meddad. Dans un texte qui accompagne le portrait de la jeune militante morte sous la torture, Ouahiba Aboun Adjali rappelle : «Engagée à 16 ans dans l'action et la lutte pour l'indépendance, elle meurt défenestrée par ses tortionnaires qui, après l'avoir sauvagement torturée, ont voulu faire croire à un suicide. Elle est fille unique et lycéenne. Lorsqu'elle rejoint le combat, elle est nommée agent de liaison d'un responsable de la zone autonome d'Alger. Elle subit plusieurs séances de torture effroyable pratiquées par le lieutenant Shmitt et son agent Fleuriot. Elle est brûlée au chalumeau, elle subit la gégène, la baignoire… Le corps de Ourida, 19 ans, est précipité dans la cour de l'école Sarouy (centre de torture) où elle agonise longtemps avant de mourir».
Djamila Bouhired (d'après un document du musée national de l'Armée et un texte de l'auteure de cet article) est une des héroïnes les plus emblématiques de la bataille d'Alger. Condamnée à mort en 1957, sa renommée dépasse largement les frontières du pays. Dès l'indépendance, cette incorruptible rejette les privilèges, comme elle refuse d'être instrumentalisée, utilisée. «Si Djamila Bouhired est devenue le symbole qu'elle est, c'est parce que toute la presse internationale a relayé le courage et la dignité d'une femme seule devant ses bourreaux, d'une femme qui a choisi de s'habiller ostensiblement dans les trois couleurs de notre emblème pour dire sereinement à ses ennemis : ‘‘Parce que je suis algérienne, vous n'avez pas la compétence pour me juger. Oui, j'assume tout ce que j'ai fait ; oui, je suis prête à mourir ; oui, je reprendrai les armes pour refaire ce que j'ai fait dès que je serai libre''», selon un témoignage d'une de ses compagnes de lutte, non moins illustre, la moudjahida Zohra Drif qui, dans une lettre ouverte (Liberté, 1er juillet 2009 et Alger Républicain, 3 septembre 2009), dénonce le révisionnisme historique.
Jacqueline Guerroudj est «une femme à détermination sans faille», écrit la journaliste Mina. «A 28 ans, elle change radicalement de vie, s'installe en Algérie et fait sien ce pays qu'elle ne quittera plus jamais… Elle pose d'emblée un regard critique et horrifié sur cette partie du monde colonisé, vestige d'un impérialisme européen boulimique. Elle fait très rapidement le choix d'y combattre pour la liberté aux côtés, entre autres, de ses collègues instituteurs, Abdelkader Guerroudj qui deviendra son époux, et des frères Inal… Et le pire souvenir de tous est celui de ces aubes assassines, du bruit de la guillotine que l'on introduit dans la cour de la prison au petit matin, de la fébrilité qui s'empare des condamnés, de leur dernier cri, de leur dernier slogan, de leur dernier souffle et de la multitude de youyous qui accompagnent le couperet et qui se sont inscrits comme des saignées dans sa mémoire».
Annie Fiorio Steiner (d'après un document familial) affirme dans un texte publié par Sétif.info : «Je suis du côté des humbles. C'est important d'avoir cette position». Le site ajoute : «Militante infatigable de la liberté, Annie a vu le jour le 7 février 1928 à Marengo (Hadjout). Condamnée à la réclusion criminelle par le tribunal des forces armées d'Alger, elle fut ‘‘trimbalée'' cinq ans durant, d'El Harrach à Serkadji en passant par d'autres lieux d'enfermement. Femme de conviction, femme d'action et de réflexion, elle continue à ce jour, à être active».
Puis, Baya El Kahla, de son vrai nom Toumya Laribi, née à Alger en 1936. «On ne guérit pas de la torture», témoigne-t-elle dans un texte écrit par Ouahiba Aboun Adjali. Il y a aussi Germaine Tillion, ethnologue, dont les travaux sur les Aurès font autorité, et qui obtint de son ami de déportation, Edmond Michelet, devenu Garde des Sceaux, la suspension de la peine de mort à l'encontre des combattants du FLN et la fin de la guillotine.
Et aussi la chanteuse sud-africaine, Myriam Makeba. Militante anti-apartheid, elle «n'a pas cessé de chanter la libération africaine, faisant de ses spectacles de véritables meetings contre le régime raciste», écrit le journaliste de L'Humanité, Pierre Barbancey. Figure de proue du 1er festival panafricain d'Alger de 1969, elle a reçu la citoyenneté algérienne et un passeport vert lorsque l'Algérie était le carrefour de la lutte des peuples pour leur émancipation.
Mustapha Boutadjine, qui compose ses œuvres à partir d'archives de presse ou de musées, de documents personnels, les réalise avec des collages de papiers découpés dans des magazines. Il a réussi là un bel hommage tout en célébrant, à sa manière, le Cinquantenaire de l'Indépendance.

* «Femmes d'Alger» Exposition de Mustapha Boutadjine, du 14 juin au 7 juillet 2012. Vivienne Art Galerie, 30, galerie Vivienne, 75002, Paris. Du mardi au samedi, de 13 h 30 à 18 h 30.


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