«La politique est une guerre sans effusion de sang et la guerre une politique sanglante.» Mao Tsé-Toung Au moment où la polémique gronde entre les deux figures de la Bataille d´Alger: Yacef Saâdi et Louisette Ighilahriz, un film français se prépare en silence et en toute discrétion sur cette période historique d´une militante du FLN. Le 11 avril dernier a débuté le tournage d´un long métrage intitulé «Pour Djamila», mis en scène par la comédienne célèbre Caroline Huppert sur la militante du Front de libération nationale algérien, Djamila Boupacha et l´avocate Gisèle Halimi, qui l´avait défendue en 1960. Accusée d´avoir posé une bombe, Djamila Boupacha avait été arrêtée puis torturée et violée pendant plus d´un mois par les parachutistes de l´armée française en Algérie. Son histoire avait ému le monde entier, plusieurs comités de défense internationaux se mobilisant pour sa libération. Elle fut finalement transférée en France pour y être jugée en 1961 puis condamnée à mort, avant d´être amnistiée après la signature des Accords d´Evian. C´est la comédienne Marina Hands (qui joua, notamment dans Lady Chatterley) qui interprètera Gisèle Halimi, tandis que la comédienne francaise d´origine tunisienne Hafsia Herzi, qui a été découverte par La Graine et le Mulet, incarnera le rôle de la militante du FLN. Produit par Barjac Productions pour France 3 et Arte, «Pour Djamila» sera tourné en France et au Maroc. Pourquoi justement tourner cette histoire sur une militante du FLN loin de l´Algérie? Que cache la réalisatrice? A-t-elle consulté les historiens algériens et les moudjahidate sur ce sujet? On ne sait pas, ce qui est sûr en revanche, est que le sujet risque de ne pas plaire à une autre Djamila...Bouhired, dont le titre du film risque de prêter à confusion sur le parcours de la véritable combattante du FLN. En tout cas, le cas de Djamila Boupacha, n´est pas médiatisé en Algérie, car elle a, selon la thèse historique, failli à sa mission. La jeune militante du FLN qui «allait déposer une bombe mais ne l´a pas fait». Une histoire qui ressemble fortement à «Paradis Now» de Hanny Abou-Assad sur ce kamikaze palestinien qui n´a pas eu le courage de faire sauter sa bombe. C´est cette partie de l´héroïsme qui a touché l´opinion française et, notamment l´élite gauche qui avait alors publié un livre et préfacé par Simone de Beauvoir, avec un portrait au fusain de Djamila Boupacha dessiné par Picasso, en couverture, le plaidoyer comprenait en outre des contributions de Roberto Matta et Robert Lapoujade. L´ouvrage paru chez Gallimard a été réédité en 2000. Ainsi, après le passage mitigé du téléfilm «Le Porteur de cartable», adapté du roman homonyme d´Akli Tadjer, qui évoque la période de 1962 et la rencontre d´Omar, un écolier de dix ans dont les parents militent pour l´indépendance algérienne et qui était porteur de cartable pour le FLN avec Raphaël, un pied-noir fraîchement rapatrié d´Algérie, Caroline Huppert s´attaque à un autre sujet sensible sur la Guerre d´Algérie, qui risque, à coup sûr, de faire couler une nouvelle fois beaucoup d´encre. [email protected]