Il est loin, tellement loin que les moins de 40 ans ne s'en souviennent pas, le temps où la ville de Ghazaouet (ex-Nemours) était une ville coquette et attrayante. Aujourd'hui, une simple promenade à travers les artères de la cité des deux frères donne à voir une cité où désolation et contraste résument le décor d'une ville étrangement abandonnée. Routes dégradées, immeubles délabrés, trottoirs squattés, immondices éparpillées dans des endroits censés être la vitrine de la ville, bouches d'égouts débordantes laissant peser le risque de contamination, fuites d'eau … est la triste configuration que présentent Ghazaouet et ses environs. Le constat est identique à travers toutes les ruelles et rues de la ville, excepté le boulevard de l'ALN, itinéraire des officiels, qui garde sa chaussée intacte. Les trottoirs sont, au grand dam des piétons, obligés de s'aventurer sur la chaussée à leur risque et péril, carrément squattés par des commerçants qui en font leur devanture. D'ailleurs, même quelques marchands de poissons préfèrent déserter la poissonnerie pour s'installer dans une petite ruelle en plein centre-ville. Ainsi des casiers de sardines sont exposés à même le sol constamment aspergés d'eau. Le marché couvert, une construction qui date de l'ère coloniale, est dans un état de délabrement très avancé. Et si l'on évoque le vieux bâti qui constitue de surcroît le patrimoine immobilier de la ville de « Lala Ghazaouana », le constat est tout aussi désolant. Les quartiers des 320 logements, de Derb Derrar, le quartier de l'île, Sidi Amar n'échappent pas au triste décor. Un simple regard porté sur l'ensemble des bâtiments de la cité des deux frères permet de constater la négligence manifeste qui affecte ces constructions. A l'évidence, le schéma de la collecte des ordures établi par l'APC n'a pas résolu la problématique de ce service public. En effet, Ghazaouet manque cruellement d'espaces verts. La réhabilitation de l'unique jardin public, entreprise il y a environ deux ans, s'est limitée à la rénovation de la clôture de l'enceinte. Des projets sont interrompus, d'autres accusent un retard indéniable, tel est le bilan de l'état d'avancement du programme de réhabilitation et de renouvellement urbain amorcé dans la ville de Sidi Amar. L'exemple de l'aménagement de Oued Ghazaouana, le projet du siècle comme le qualifie certains, et pour lequel l'Etat a débloqué une enveloppe de 90 milliars de cts, est édifiant. « D'emblée, on soupçonnait que l'entreprise désignée pour le curage du lit de l'oued n'était pas en mesure de concrétiser un projet d'une telle envergure. Nous avons vu juste puisque les travaux n'ont concerné que la partie amont de l'oued », s'indigne un citoyen. En somme, l'anarchie a fini par s'installer dans le quotidien des Ghazaouetis plus que jamais englués dans un cadre de vie qui se dégrade de jour en jour.