Il suffit de regarder l'état lamentable de nos communes. Les communes qui composent la wilaya d'Annaba, comme El Bouni, Berrahel, Aïn El Barda et Annaba-centre, pour ne citer que celles-là, souffrent d'une situation qui, le moins que l'on puisse dire, est un paradoxal mélange entre le beau et le laid, l'attrayant et le repoussant et le moderne bafoué. Cette situation est due au fait que ces communes ont connu, vécu et subi un développement, en matière d'habitat, abracadabrant avec les normes que requiert un style urbanistique d'une altération jamais vue. Ou est-ce la fièvre de constructions «speedées» qui a causé cette situation peu orthodoxe? Il suffit de regarder l'état lamentable de nos communes.El Bouni, ville de tous les maux socio-économiques, où vivent quelque 150.000 âmes, 2e grande commune après Annaba, chef-lieu de la wilaya. L'esthétique de cette ville, âgée de moins de 20 ans, a été sacrifié au profit d'un style architectural loin des normes et des règles en vigueur. Il est utile de souligner que les constructions d'El Bouni, ex-Sonatiba, sont tout simplement l'oeuvre des adeptes de la secte de l'anarchie. Partout s'élancent dans le ciel des bâtisses à plusieurs étages avec des balcons hideux, des fenêtres sans aucun charme, et des couleurs ternes. Les soi-disant villas qui existent sur tout le territoire de la wilaya s'appellent «R+» qui signifie R: magasin (hwanete) au pluriel, et «+» 4 ou 5 étages. Dans tout ce tas de béton, le proprio n'occupera qu'un seul appartement, le reste devra être loué pour récupérer l'argent de la construction. Autre constat désolant, et tape-à-l'oeil, c'est l'absence de jardins devant les gigantesques maisons, et aucun espace vert qui attire le regard des adultes, et soustrait les petits aux jeux sauvages sur les tas d'ordures qui jonchent les trottoirs des communes et villes de la wilaya. Face à ce manque flagrant d'espaces verts, on croirait, qu'aussi bien les citoyens d'Annaba wilaya que les chargés de l'opération d'urbanisation sont atteints d'agoraphobie. Sinon comment expliquer cette «exiguïté» qui caractérise les différentes cités dans les différentes communes de la wilaya d'Annaba. Autre phénomène répandu, ce sont les nombreuses constructions de maisons, entreprises par les citoyens, mais qui ne les ont jamais achevées. Certaines sont restées, ravalement. Des agglomérations toutes entières, couleur ciment, voire même du parpaing, ce qui leur donne l'allure de bidonville, surtout quand ils y accrochent des pneus. Ainsi, partout où nous nous sommes rendus à travers les 12 communes de la wilaya d'Annaba, l'esthétique fait totalement défaut. Certains attribuent la dégradation de leurs maisons, à l'agression du pouvoir d'achat qui ne leur permet pas de pouvoir terminer la construction ou l'entretien de leurs façades, faisant ainsi de la wilaya d'Annaba l'interminable chantier. Autres facteurs défigurant des villes et villages d'Annaba, ce sont ces lots de terrain octroyés à des citoyens qui, pour une raison ou une autre, les gardent tels quels. Quelques-uns ont été attribués (vendus) depuis cinq bonnes années, voire même plus. Ces poches vides, outre le fait qu'elles constituent des plaies béantes, sont parfois transformées en dépotoir public, ou en lieu de débauche où s'exercent tous les vices générés par l'oisiveté qui ronge la frange juvénile, notamment au niveau de la zone d'El Bouni (MIN). En somme, cela fait 20 ans que la wilaya d'Annaba souffre de la même situation, une situation dans laquelle les communes de la wilaya ont perdu leurs couleurs, en dépit des mesures relatives à l'aménagement et l'urbanisme prises par les autorités locales. Les constructions sûres répondant aux normes architecturales restent utopiques, puisque la sphère de la secte des adeptes de l'anarchie urbanistique ne cesse de s'élargir et, si des mesures d'urgence ne sont pas prises, la 4e ville du pays, Bône la coquette, risque de devenir la plaque tournante des bidonvilles.