En ce moment se tiennent les 9es rencontres de cette manifestation avec un focus sur l'Algérie. Les Résonances de Bobigny (du 14 au 20 octobre) qui se définissent comme des « rencontres du cinéma citoyen » suscitent depuis quelques années un écho de plus en plus important dans l'environnement immédiat de la manifestation, au fameux département du 93 aux concentrations élevées de communautés émigrées. Mais cette audience de proximité s'est depuis étendue aux cinéphiles et cinéastes de l'ensemble de la France, avec, en plus, une percée significative à l'international. Le slogan choisi cette année, « Créer, c'est résister » reflète bien l'esprit de ces rencontres, dont les préférences vont vers des cinémas d'auteurs, de découverte et de défense de causes sociales, politiques ou culturelles. Hormis cette option déclarée d'engagement, tous les formats et les genres sont les bienvenus : longs et courts métrages, fictions et documentaires, films expérimentaux… Cet éclectisme permet parfois des confrontations intéressantes et originales entre différents modes de traitement de la réalité et de l'imaginaire. Le focus sur le cinéma algérien (17 et 18 octobre) coïncide avec l'anniversaire de la terrible répression des Algériens du 17 octobre 1961 à Paris. Par la même, les organisateurs ont tenu à rendre un hommage appuyé à Francis Jeanson, décédé il y a deux mois, et qui créa, en France, un réseau clandestin de Français solidaires de la cause algérienne. Au programme algérien figurent cinq longs-métrages, inédits en France. Le film Ben Boulaïd d'Ahmed Rachedi permettra d'aborder, à travers cette figure de premier plan de la guerre de Libération nationale, une période encore méconnue par les jeunes générations issues de l'émigration. Abdelkrim Bahloul viendra présenter en avant-première internationale son long métrage Voyage à Alger, qui relate les épreuves d'une femme après l'indépendance et qui vient de recevoir, vendredi dernier, le Bayard d'or du meilleur scénario au Festival international de Namur. Vivantes ! de Saïd Ould-Khalifa, inspiré de l'histoire des femmes de Hassi Messaoud, victimes d'une véritable chasse aux sorcières, traitera du rapport entre l'obscurantisme et la violence. Quant à L'Envers du miroir, réalisé par Nadia Cherabi, il posera la question de l'inceste dans la société et du destin d'une mère célibataire. Enfin, ce sera au tour de London River de Rachid Bouchareb, actuellement projeté en salle en France. Les rencontres de Bobigny accueilleront également dans la rubrique Grand Témoin le réalisateur Denis Gheerbrant, auteur de l'étonnant documentaire La République Marseille, œuvre de longue haleine constituée de sept documentaires. En ouverture et en clôture : Résonnances propose deux films de haute facture : Qu'un seul tienne et les autres suivront de Léa Fehner, qui vient d'obtenir le prix Michel d'Ornano au Festival de Deauville, et L'insoumise de Solveig Anspach, interprétée par la prodigieuse actrice française Sylvie Testud. Entre les deux, de nombreux inédits et avant-premières dont L'Anniversaire de Leïla du Palestinien Rachid Macharawi ou encore Téhéran sans permission de Sepideh Parsi, film audacieux dans tous les sens du terme, car filmé... avec un téléphone portable !