S'en est suivies «Suite Holberg», «Danses roumaines» et tant d'autres programmations et surprises interprétées avec une grâce inouïe pour charmer l'audience, arrivant à bout des plus exigeants. Le spectacle musical aura eu à l'affiche de sa première partie l'orchestre naissant «Eshelyak» dirigé par Younès Bahri. Ils ne feront pas leur première scène sans trébucher mais leur motivation était estimable. L'ouverture était auguste avec la symphonie pour cordes n° 10 en Si mineur. La maturité des musiciens s'est imposée solennellement dès les premières secondes, faisant d'eux plus que des interprètes mais de véritables acteurs de leur musique. Ils changeront le ton de la soirée avec la «Suite Holberg» op.40, avec des mélodies moins académiques qui réveilleront dans l'audience une effervescence d'émotions et de douces mélancolies, contrastant avec l'air de fête des deux mouvements «Gavotte» et «Rigaudon» aux rythmes rapides de cette même Suite. Puis vient la «Danse Roumaine» de Béla Bartók, et là, il n'est plus question de changer le ton de la soirée mais de faire voyager la salle, la projetant au milieu d'une chaleureuse fête tzigane. Le jeu des musiciens a su garder toute son identité classique tout en nuançant ces subtiles mélodies populaires connues en Europe de l'Est. L'orchestre ravira par la suite les amoureux du tango avec une composition du célèbre Astor Piazzola, «Les quatre saisons», dont il jouera «Hiver et Automne», une pièce qui permettra au soliste Alain Arias de faire jaillir avec une talentueuse poigne toutes les nuances du morceau. La fin se fera avec «Carmen fantaisie», une œuvre aux mélodies chatoyantes sous le thème de «L'Opéra Carmen» où cette fois-ci le soliste a subjugué l'audience faisant vibrer les cordes de son violon, créant les mélodies les plus inouïes. L'orchestre répondra au rappel du public avec un morceau pittoresque dont la particularité est d'être joué sans baguette, uniquement par les pincements de doigts des violonistes et contrebassistes sur leurs instruments. À la toute fin du spectacle, le directeur artistique Jean Lenert prendra la parole pour témoigner de sa joie et celle de ses musiciens de leur passage en Algérie avant de laisser ses musiciens jouer un morceau concocté en cachette : «L'hymne national algérien».