La crise a pris d'autres proportions, puisque, samedi dernier, lors de l'assemblée générale ordinaire du Comité olympique, les membres du COA ont décidé de tenir, le 8 décembre prochain, une assemblée générale extraordinaire. Une AGex, qualifiée d'illégale par Rachid Hanifi. Il a insisté sur le fait qu'il avait bel et bien clôturé les travaux de l'AG tout en précisant que «si une assemblée générale extraordinaire devait se tenir, elle devrait être convoquée par le président en personne ou bien les 2/3 de l'assemblée de l'AG». Dix membres du bureau montent au créneau L'affaire a éclaté au grand jour au début du mois de mai dernier, lorsque dix membres, sur les quatorze qui composent le comité exécutif du COA, ont animé une conférence de presse au complexe Mohamed Boudiaf. Le porte-parole de l'époque, Hacène Chikh, qui occupait le poste de secrétaire général, a déploré la gestion unilatérale de son président, qui ne les consultait jamais dans les décisions engageant le comité olympique. «Les problèmes au sein du COA ne datent pas d'aujourd'hui. Mais si on en est arrivé là, c'est qu'on était tenu par l'obligation de réserve et on avait tout fait pour éviter le clash en multipliant les démarches en direction du président. En vain», note l'ex-SG. Les membres avaient également sollicité le président pour qu'il rétablisse le comité exécutif et le poste de secrétaire général, qu'il a vidé de tout son sens, sans succès. «je ne pouvais accepter d'obéir à leurs instructions» Le président Rachid Hanafi estime, lui, que les divergences avec les membres du comité exécutif sont dues aux prérogatives de chacun : «Les statuts du COA ont défini trois organes classés hiérarchiquement comme suit : l'assemblée générale, le président et le comité exécutif. Ce classement signifie que chaque organe est comptable devant celui placé hiérarchiquement au-dessus Malheureusement, les membres du comité exécutif s'approprient, à chaque réunion, les prérogatives de l'assemblée générale, en demandant systématiquement des comptes au président, alors qu'ils devraient plutôt lui en rendre à travers les commissions spécialisées dont ils avaient la charge. Dans l'esprit de ces membres, le président, qu'ils ont élu, devait tout simplement obéir à leurs instructions. Cette manière de concevoir la mission du président du COA, je ne pouvais ni la partager ni l'accepter.» Les conseillers du président ! En plus du fait de n'avoir jamais pardonné au président du COA la relation tumultueuse qu'il entretenait avec le ministère de la Jeunesse et des Sports, du temps de Hachemi Djiar, les membres du bureau ont reproché à Rachid Hanifi d'avoir recruté cinq retraités payés entre 50 000 et 60 000 DA afin de faire de l'ombre au comité exécutif du COA. Sur ce sujet, le président du COA dira : «Les motifs constamment invoqués d'administration parallèle sont infondés. Les conseillers jouent leur rôle de conseillers du président qui, faut-il le rappeler, est l'ordonnateur principal et le seul responsable au plan pénal. Leur recrutement date du début de l'année 2010, ils ont activé avec les membres du comité exécutif sur des dossiers de commissions, on ne peut donc pas s'expliquer qu'ils puissent soudainement constituer un problème majeur en 2012.» L'impossible réconciliation Le 8 mai dernier, le président Rachid Hanifi a transmis un communiqué dans lequel il avait décidé de mettre fin aux fonctions de Hacène Chikh, en sa qualité de secrétaire général, conformément aux prérogatives que lui confèrent les statuts du COA. Mais cette décision n'a pas réglé pour autant le problème du Comité olympique. Les nombreuses tentatives de médiation pour débloquer la situation se sont avérées sans succès, comme celle initiée au début du mois de juillet dernier, à l'approche des Jeux olympiques, par le président du Tribunal du sport, Farid Benbelkacem. Les membres du bureau sont restés intransigeants en voulant se remettre à l'assemblée générale après les JO. Le président de la commission médicale du COA, Zahir Bensoltane, dira : «Nous avons été solidaires du président quand il s'est émancipé du MJS (cas de la fédération de boules), mais malheureusement après les JO de Londres, au lieu de calmer les esprits en prenant des décisions salvatrices et réconciliatrices, il a continué dans ses dérives. C'est pour cela que nous avons décidé de prendre nos distances et demander une assemblée générale extraordinaire pour arrêter cette déliquescence.» Entrée en piste du CIO Informé des développements de la crise que traverse le COA, le Comité international olympique (CIO) a sommé le Comité olympique algérien de tenir son assemblée générale ordinaire après que celle-ci ne soit pas allée à son terme le 29 septembre dernier. Il mentionne dans son communiqué : «Le CIO ne s'immisce pas dans les affaires internes des comités nationaux.» Et d' inviter, toutefois, l'instance du docteur Hanifi à réunir, dans un premier temps, le comité exécutif afin de «se préparer dans la sérénité» avant d'ajouter : «En cas de manquement grave (collégial et/ou individuel) constaté et avéré, l'AG pourrait naturellement prendre les décisions qui s'imposent dans le cadre des statuts de votre comité. Ceci en respectant bien entendu les principes de base de bonne gouvernance et de démocratie ainsi que les droits élémentaires de la défense, notamment le droit d'être entendu au préalable, et le fait que tout vote portant sur les personnes devraient être effectué à bulletins secrets.» Si le président part, le bureau aussi doit partir Le 24 novembre dernier, les membres de l'assemblée générale ordinaire avaient décidé de tenir une AG extraordinaire le 8 décembre prochain après le retrait de Rachid Hanifi. Cette décision, le président du COA ne la partage pas du tout. Celui-ci a insisté pour expliquer que «les statuts du COA précisent que les bilans moral et financier, présentés engagent le comité exécutif dans son ensemble et non seulement le président. Il est donc normal que s'il y a lieu de démissionner, ce serait tous les membres de l'exécutif qui seraient concernés». Le président aurait même invité les membres du comité exécutif à présenter leur démission collective au même titre que lui, mais ces derniers auraient refusé. C'est pour cette raison qu'il ne veut peut endosser seul l'échec et persiste à camper sur ses positions. «On ne peut pas présider le COA avec seulement trois voix» Accusé de vouloir probablement lui succéder, l'ex-président du COA et actuel 1er vice-président de l'Acnoa, Mustapha Berraf, déclare : «Ses propos me désolent surtout que j'avais de l'estime pour lui, mais ils démontrent qu'il n'a aucun lien avec le mouvement sportif national, si ce n'est cette première responsabilité de président du COA qu'il a obtenue selon ses propres dires par une sollicitation d'en haut. Je pense sincèrement qu'on ne peut pas présider le COA avec seulement 3 voix. C'est une question d'éthique. Lorsqu'on a 85 voix contre et 3 pour, y compris la sienne, on doit faire preuve de dignité et s'éclipser discrètement. L'AG a tranché en toute souveraineté. Il faut respecter le verdict des urnes. Les engagements pris n'ont pas été tenus et tous les projets ont été mis en veilleuse, ce qui a fortement retardé la préparation. Sincèrement nous sommes loin de nos objectifs.» L'assemblée a voté la dissolution de la composante humaine du TAS Le seul point sur lequel les membres de l'AG se sont entendus c'est la mise en veilleuse du Tribunal algérien de règlement des litiges sportifs (TARLS), plus connu sous le nom du TAS. Sur ce point, Mustapha Berraf a tenu à faire une précision, en affirmant : «On a voulu faire croire que l'AG a voté la dissolution du TAS, c'est faux, car ce qui a été décidé, c'est la dissolution de la composante humaine du TAS et de son renouvellement. Puis, pour détourner l'attention de la véritable prise de position de la quasi-totalité des membres de l'AG, le président du TAS a porté de graves accusations contre Berraf et Raouraoua. Que maître Benbelkacem assume la responsabilité de ses dires et qu'il sache que Berraf et Raouraoua n'ont pas le vertige de ce qu'ils sont et ont montré leur disponibilité envers leur pays et le sport algérien. C'est effectivement difficile de s'accommoder aux règles de la démocratie et j'en conviens qu'il est tout aussi difficile pour certains de partir. Ce qui m'incommode c'est la manière avec laquelle il a traité maître Benabdallah de la FAF et qui n'a laissé personne indifférent vu son âge et sa notoriété.»