Dans un long rapport sur la situation des migrants et des réfugiés, intitulé «Bloqués à la frontière : des migrants et réfugiés entre désert et hostilité» transmis à notre rédaction à partir de Copenhague, le Réseau euroméditerranéen des droits de l'homme (REMDH) exhorte la communauté internationale à réagir à la situation dramatique des migrants et réfugiés retenus à la frontière entre le Maroc et l'Algérie. «Le REMDH saisit cette opportunité pour attirer l'attention générale sur les conditions de vie désastreuses de cette population mixte et pour exprimer ses graves préoccupations quant au renvoi systématique des migrants vers la frontière. Le manque d'hygiène, la malnutrition et les conditions d'hébergement insalubres portent gravement atteinte à l'intégrité physique de cette population ‘‘bloquée'' à la frontière. L'accès aux soins de santé est pratiquement inexistant du côté algérien et ne repose du côté marocain que sur la bonne volonté de la société civile. Les abus dont ils sont victimes, notamment de la part des forces de police, sont rarement dénoncés par les migrants et les réfugiés, qui craignent d'être arrêtés et expulsés.» Le REMDH a également constaté avec «inquiétude que les femmes et les mineurs non accompagnés sont les plus vulnérables dans la mesure où ils ne bénéficient d'aucune protection contre les violences domestiques et sexistes. Le suivi médical des femmes enceintes et l'accès des enfants à l'éducation font aussi gravement défaut. De plus, les demandeurs d'asile ont beaucoup de mal à accéder à la protection qui leur est due et risquent souvent d'être expulsés, en l'absence d'une procédure claire de détermination de statut de réfugié et de la présence limitée du HCR dans les deux pays». Le rapport détaillé indique également qu'«en dépit de la fermeture de la frontière en 1994, l'axe Maghnia-Oujda reste une voie de transit importante entre l'Afrique subsaharienne et l'Asie d'une part et l'Europe d'autre part. Des migrants sans papiers et des réfugiés en grand nombre sont régulièrement renvoyés vers les zones frontalières par les autorités marocaines, dans des conditions particulièrement déplorables – impossibilité de faire appel d'une décision, détention arbitraire dans les postes de police, expulsion de mineurs non accompagnés et de femmes enceintes, qui souffrent de violences physiques et psychologiques et de déshydratation. Ces expulsions sont éminemment symboliques, sachant que les migrants et les réfugiés tenteront tôt ou tard de retourner au Maroc, le plus souvent sous la pression des autorités algériennes – ce qui fait que le Maroc et l'Algérie ne cessent de ‘‘jouer au ping-pong'' avec cette population bloquée à la frontière». Le REMDH en appelle aux autorités à la fois locales, nationales et européennes pour qu'elles mettent fin à ces violations et qu'elles respectent résolument leurs obligations internationales de protéger et de promouvoir, dans la loi comme dans la pratique, les droits humains des migrants, réfugiés et demandeurs d'asile.