L'un des faits marquants de l'année 2018 a été le coup de théâtre qui s'est produit à l'Assemblée populaire nationale (APN). Pour la première fois de son histoire, cette institution est passée tout près de la dissolution. Raison : un conflit ayant opposé son président, Saïd Bouhadja, aux députés de la majorité qui l'ont élu deux ans auparavant. Le premier responsable de l'Assemblée, qui a fait de la résistance pendant près d'un mois, a fini par être éjecté, illégalement, de son poste. Que reproche-t-on au juste à Bouhadja, 80 ans, pour être poussé vers la porte à la veille de l'élection présidentielle. Quel impair a-t-il commis pour devenir du jour au lendemain persona non grata ? Bouhadja faisait l'objet de pressions au sein de l'hémicycle Zighout Youcef et du FLN depuis qu'il a pris la décision de mettre fin aux fonctions du secrétaire général de l'APN, Bachir Slimani. Interrogé à maintes reprises sur les griefs retenus contre lui au point de vouloir sa destitution du poste de l'APN, un poste-clé, il répondait : «Je ne sais pas. Je suis élu pour un mandat de 5 ans et président de l'APN depuis 2017. Durant cette année, je n'ai jamais failli à mes responsabilités.» Constitutionnellement, Saïd Bouhadja devait rester à la tête de la Chambre basse du Parlement jusqu'en 2022. Date de la fin de la présente législature. Donc ni la Constitution ni la loi algériennes ne prévoient de procédure pour destituer le président de l'APN. D'aucuns estiment que le limogeage du secrétaire général de l'APN, issu aussi du FLN, ne saurait expliquer à lui seul cette volonté de l'éjecter prestement. Ses détracteurs ont reproché sa mauvaise gestion, ses dépenses exagérées et illicites et des recrutements douteux et ont décidé de bloquer l'activité du Parlement, à commencer par le travail des commissions, et ce, jusqu'à ce que Saïd Bouhadja daigne rentrer chez lui. Bouhadja accuse à son tour ses adversaires de «comploter» contre le président Bouteflika, en affirmant qu'il quittera son poste uniquement si le chef de l'Etat le lui demande. Les choses se sont par la suite accélérées. Les députés ayant gelé le fonctionnement du Parlement ont commis un acte que d'aucuns ont qualifié d'«antidémocratique» et surtout «honteux». Ces parlementaires de la majorité ont bloqué pendant plusieurs heures l'entrée de l'Assemblée, cadenassant la porte pour en interdire l'accès à son président. Les huit vice-présidents de l'APN et les 11 présidents de commission se sont réunis le lendemain pour «faire un constat de vacance» à la tête de l'Assemblée. Un constat qui «ouvrira la voie à l'élection d'un nouveau président». De son côté, le bureau politique du FLN avait décidé de traduire Bouhadja en conseil de discipline, en vue de son exclusion pour «non-respect des instructions émanant de la direction politique du parti». Au moment où le FLN désigne Mouad Bouchareb, député de Sétif, pour succéder à Bouhadja, ce dernier jurait qu'il ne démissionnerait pas de la présidence de la Chambre basse du Parlement, car il est «le président légitime de l'APN». Pourtant une plénière a été programmée et a été consacrée à la confirmation de la vacance du poste de président de l'APN et l'élection du nouveau président de l'institution parlementaire. Bouhadja s'est tu depuis, alors que l'APN a repris ses activités le plus normalement…