D'organisateur de conférences et congrès scientifiques « maghrébins », le professeur Abdelwahab Cheikhrouhou de l'université de Sfax (Tunisie) s'est transformé en véritable chasseur de devises. Ayant bien étudié le système d'octroi des stages et congés scientifiques en Algérie, à la charge exclusif du Trésor public, le professeur tunisien monte son stratagème. Celui-ci consiste à amasser des millions d'euros, sous couvert d'une parodie de congrès scientifiques magrébins, composé à 99,99% d'Algériens. Le pot-aux-roses est découvert et dénoncé par un professeur. En interpellant sa tutelle, l'enseignant algérien n'omet pas de donner des détails à propos d'une affaire qui prend les allures d'un scandale : « Lors des journées des sciences des matériaux JMSM 2008 qui se sont déroulées à Mahdia (ville touristique située à 50km de Sousse), les participants étaient à 99,99% de nationalité algérienne. Le comité d'organisation, présidé par le professeur Cheikhrouhou, était composé de trois étudiants et de la femme du professeur chargée en outre de la trésorerie de ladite rencontre. Aucun enseignant ou chercheur tunisien n'a participé à l'organisation de cette manifestation. Dès que les droits de participation, s'élevant à 250 euros, renflouent les caisses de l'organisateur, le participant n'ayant au préalable présenté ou exposé aucun travail, est gratifié d'une attestation de participation », souligne le professeur algérien n'oubliant pas de mettre le doigt sur le fantomatique comité scientifique dudit congrès qui n'a refusé aucun des 600 travaux proposés par les participants (algériens) qui représentent une manne de plus de 150 000 euros (l'équivalent de 18 750 000 de dinars). Une bonne partie de ce pactole a renfloué les caisses des hôtels de la région. Lesquels se sont bien frottés les mains, grâce bien entendu au coup de pouce du professeur Cheikhrouhou qui se transforme en « voyagiste » de circonstance. Ne s'arrêtant pas là, le réclamant lance un autre pavé dans la mare. « Les salles de conférences étaient vides. Les conférenciers avec leurs familles et amis profitaient des moments de détente dans les piscines ou dans des virées aux souks de Mahdia », précise le dénonciateur de Cheikhrouhou qui veut, à son tour, profiter encore et toujours de la manne pétrolière algérienne. Des mois après, ce dernier transmet un bien curieux email à ses « amis algériens », leur demandant une fois de plus de « casquer » 50 euros (6250 DA) supplémentaires pour que leurs « travaux » qui n'ont fait, faut-il le rappeler une énième fois, l'objet d'aucune évaluation soient publiés dans un « journal ». Continuant sur sa lancée, le requérant enfonce le clou : « La clôture des journées par une trentaine de participants avait comme recommandation la tenue des prochaines JMSM à Batna. En attendant, le Tunisien compte à quelques encablures des fêtes d'année, organiser une autre conférence sur les matériaux du 20 au 24 décembre 2009 à Gabès. Comme la formule attire de plus en plus d'Algériens, notre professeur qui veut récolter plus de devises fortes, propose dès lors une deuxième session. Celle-ci est programmée du 24 au 27 décembre2009. » La tenue de ces conférences à ces moments précis de l'année n'est, le moins qu'on puisse dire, pas fortuit. Ceci dit et en faisant une petite opération arithmétique, avec 500 participants à la première session et autant pour la seconde, le Tunisien est, à travers ses « conférences », capable et sans presque le moindre effort d'engranger facilement la bagatelle de 250 000 euros (3 125 000 000 de dinars). Pour non seulement dénoncer et mettre un terme à l'affairisme du Tunisien mais défendre les intérêts du pays, le chercheur algérien a interpellé la direction générale de la recherche scientifique et du développement technologique du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Celle-ci vient de charger la direction de la coopération et des échanges inter-universitaires du dossier. Le 12 octobre 2009, et à travers la correspondance n°389/DCEIU/2009, cette dernière sollicite les présidents des conférences régionales de toutes les université du pays, pour lui fournir d'amples informations sur une affaire qui risque d'éclabousser le secteur de l'enseignement supérieur en proie à d'innombrables autres problèmes …