Pour le simple citoyen, le mouvement associatif a dévié de sa mission initiale pour devenir le moyen par excellence de défendre des intérêts personnels et accéder aux privilèges. Le mouvement associatif est le grand absent dans la vie culturelle et sociale dans la wilaya de Boumerdès. Pourtant, ce ne sont pas les associations qui manquent puisque la direction de la réglementation et des affaires générales (DRAG) en a enregistré plus de 10 000. La plupart des associations activant au niveau de cette wilaya ne se manifestent que lors de la répartition des subventions. Aujourd'hui, rares sont les communes où des associations se mettent de la partie pour améliorer le quotidien du citoyen. Pour le citoyen, le mouvement associatif a dévié de sa mission initiale dans cette wilaya et est devenu le moyen par excellence pour défendre des intérêts personnels et accéder à quelques privilèges. De l'avis du directeur de la culture, M. Khaldi, la plupart des associations ont des objectifs purement lucratifs et ne se soucient guère des préoccupations et des problèmes que vit la population de la région. Selon lui, « à quelques rares exceptions, toutes les associations qui activent dans le domaine culturel ne présentent pas de bilans moral et financier en fin d'année et n'ont ni programmes d'action ni registre d'adhésion et de cotisations ». « Certaines associations fonctionnent avec deux membres, un président et un trésorier qui retirent et consomment les subventions octroyées pour l'association sans qu'ils n'organisent la moindre activité », affirme-t-il. Chaque année, des subventions sont versées pour certaines associations sans surveillance aucune de l'utilisation de cet argent. La coopération proposée par l'Union européenne en direction du monde associatif algérien dans le cadre des projets ONG I et ONG II a échoué à cause de la faible structuration et de l'incompétence des partenaires algériens. Dans la wilaya de Boumerdès, seules Afak de Si Mustapha et l'Association de l'environnement et du tourisme de Boumerdès ont bénéficié de ce programme. Le directeur de la culture pense qu'« il est temps d'ouvrir les dossiers de toutes ces associations qui se nourrissent de l'argent du contribuable ». Il dit « connaître des présidents d'association qui sont devenus très influents et de grands affairistes grâce à cet argent mal contrôlé par les pouvoirs publics ». Le chef de service des associations sportives au niveau de la DJS indique dans ce cadre que la réglementation régissant les associations en Algérie doit être revue et révisée pour mettre fin aux anomalies qui caractérisent le mode de fonctionnement et de gestion des associations, notamment sportives à travers le pays. Il précise que cette année, la wilaya a recensé 79 clubs sportifs amateurs, dont 22 nouvellement créés, auxquels on a accordé un montant de 47,5 millions de dinars sur les fonds de la wilaya en plus des aides attribuées par l'APW à certaines associations. La DJS dispose, selon les textes, d'une commission de contrôle. Cependant, à ce jour, cette commission n'a jamais travaillé bien que la totalité des bilans financiers que présentent les associations comportent des zones d'ombre. Certains présidents de club se sont enrichis, et c'est peut-être là l'enjeu des conflits et les luttes acharnées que se livrent les candidats à la présidence des clubs sportifs et des associations lors du renouvellement de leurs bureaux exécutifs.