Phhoto : Sahel De notre correspondante à Tlemcen Amira Bensabeur Des centaines d'associations sont censées participer à l'accompagnement et l'encadrement des populations en difficulté et constituer des relais locaux de la politique de la ville et dans les quartiers. D'importantes sommes sont allouées annuellement à ces comités de quartier et associations pour œuvrer dans ce sens et contribuer à garantir une certaine équité territoriale et sociale, ce qui leur confère une responsabilité essentielle dans la mise en œuvre des politiques de cohésion sociale Or, sur le terrain, tel n'est pas le cas et c'est une tout autre situation qui y prévaut. En effet, certaines associations utilisent l'agrément et le statut qu'elles ont comme un moyen pour traiter des affaires personnelles et oublient l'intérêt collectif, c'est-à-dire le bien-être de la société, alors qu'elles sont attendues pour agir chaque jour afin de préserver l'environnement et améliorer le cadre de vie de tous les habitants du quartier ou de la ville, et ce, en travaillant de concert avec les autorités et les élus locaux. C'est là le premier et le seul objectif de ces acteurs sociaux. Et les pouvoirs publics devraient réagir et mettre de l'ordre dans le mouvement associatif au lieu d'essayer de le récupérer pour l'utiliser à d'autres fins que celles pour lesquelles il est censé travailler, ce qui est le cas actuellement. L'administration s'en accommode, aide et subventionne les associations qui répondent à ses besoins, non à ceux de la société. Résultat, la société, la ville et le quartier sont abandonnés à leur sort. Et s'ajoute à cette démissions l'incivisme des citoyens qui peut même devenir agressif, destructeur. Les actes de vandalisme et ces gestes inciviques qui transforment cités et terrains vagues en dépotoirs sont les exemples de tous les jours qui montrent comment le citoyen scie la branche sur laquelle il est assis, détruit son environnement, enlaidit son cadre de vie et, pis, hypothèque sa santé et celle de son entourage. Des quartiers entiers sont ainsi complètement défigurés. Et ce ne sont pas les quelques enveloppes budgétaires ou campagnes de sensibilisation financées par les pouvoirs publics pour améliorer le cadre de vie des citoyens qui apporteront le changement escompté. Dans la wilaya de Tlemcen qui compte 53 communes et 20 daïras, les autorités locales ont débloqué des budgets pour des projets de commodité, même dans les coins les plus reculés. Mais le constat est pareil : pas plus les citoyens que les associations ou les comités de quartier n'apportent leur soutien et ne contribuent à préserver l'environnement. Nées le plus souvent dans les régions où se concentrent les plus grandes difficultés, les associations doivent intervenir dans de nombreux domaines : l'insertion des jeunes, l'apprentissage de la citoyenneté, la lutte contre la délinquance et contre les violences faites aux femmes et aux enfants, l'animation sportive et culturelle, l'amélioration de l'accès à la santé, la lutte contre la toxicomanie et l'insertion par l'emploi et par le développement économique. A travers l'exercice de leurs missions, elles constituent un maillage de proximité, qui renforce les liens sociaux, entretient la cohésion sociale et, surtout, établit une courroie de transmission entre administrateurs et administrés. Mais l'octroi des moyens nécessaires pour mener des actions dans la durée devra être encadré par un contrôle des budgets et des dépenses qui garantissent que les associations activent sur le terrain et accomplissent des actions. Le président de l'Assemblée populaire communale peut ainsi les associer à l'élaboration, la mise en œuvre et l'évaluation des actions intéressant la région, la ville ou le quartier. Mais à Tlemcen, on en est loin. Dans les agglomérations, les conseils de quartier qui devraient être consultés par le maire et peuvent lui faire des propositions sur toute question concernant le quartier, n'activent que peu à l'échelle de la wilaya où les objectifs principaux des comités de quartier ne réagissent que lors des périodes de campagnes électorales. Pourtant, les objectifs sont liés à la gestion municipale et à la relation entre élus et habitants, comme la création d'un dialogue permanent, l'adaptation de l'action municipale aux attentes des habitants et l'émergence de l'intérêt général. Au-delà de la gestion municipale ou de la relation élus-habitants, les comités de quartier permettent aux habitants d'intervenir dans des situations qui les concernent, de devenir acteurs. Ils favorisent l'échange, le dialogue. Ils sont des lieux d'apprentissage de la citoyenneté et de la vie publique.