Le système de la cooptation a toujours régulé les relations à l'intérieur du pouvoir et déterminé l'accession aux postes de responsabilité dans les hautes fonctions de l'Etat. Les critères de mérite, de compétence, de qualification et de diplôme en rapport avec la fonction exercée, qui devraient être à la base des nominations des grands commis de l'Etat aux postes de responsabilité dans l'Exécutif, au sein de l'appareil diplomatique, dans le corps des collectivités locales (wilayas, daïras…) s'effacent devant le pouvoir de nomination par décret érigé en droit régalien. Que de fois n'avons-nous entendu des commentaires peu avenants, empreints de doute et de suspicion, soulevant un vent de mécontentements dans les secteurs concernés suite à la nomination dans le corps diplomatique (ambassadeurs, consuls et autres postes subalternes), dans l'appareil de l'Etat (walis, secrétaires généraux de wilaya, chefs de daïra…), dans le gouvernement, dans les institutions de l'Etat, dans l'administration, particulièrement dans les secteurs sensibles où se niche la rente (douanes, services des impôts), dans les corps de sécurité, dans les grandes entreprises nationales prospères dans lesquelles tout Algérien et tout cadre rêvent de travailler ? Les nominations aux postes diplomatiques à l'étranger de personnels qui n'ont aucun lien avec la diplomatie tant au plan de la formation que du parcours professionnel sont rentrées dans la normalité au ministère des Affaires étrangères. D'anciens hauts responsables de l'armée, des recyclés du système issus de divers secteurs : de la justice, de l'intérieur, de l'enseignement et autres ont occupé qui un poste d'ambassadeur, qui de consul général et, pour les plus privilégiés parmi les privilégiés, dans des capitales où il fait bon vivre, réservées à la clientèle la plus proche des réseaux du pouvoir. On a ainsi usé et abusé du pouvoir de nomination jusqu'à la caricature. Au point où un ancien ministre des Affaires étrangères et un haut responsable de ce même ministère en charge de la sensible direction du personnel n'ont pas trouvé moralement choquant de pistonner leur progéniture pour occuper des postes de contractuels dans des ambassades algériennes au Danemark et en France, alors que ces emplois administratifs auraient pu être pourvus localement, à moindres frais pour le pays, par des recrutements auprès de notre communauté émigrée. C'est, entre autres, pour dénoncer ces pratiques de népotisme que le syndicat du ministère des Affaires étrangères a observé un mouvement de grève il y a quelques jours. De la même façon, le corps de l'administration locale est devenu le réceptacle de tous les planqués du système, dans bien des cas venus d'autres horizons que de l'administration, en activité ailleurs ou en stand-by, en attente d'un poste plus gratifiant en termes de privilèges et de pouvoir. La politique des parachutages dorés a lourdement sévi aussi dans ce secteur. Pendant que des cadres compétents ayant fait toute leur carrière au service du citoyen, dans l'administration centrale ou locale, sont ignorés par les mouvements successifs de nomination, bloqués dans leurs carrière et promotion, on apprend, au détour d'un changement dans le corps des walis comme celui de lundi, qu'un… député est nommé wali.