Ainsi, les transporteurs de Tizi Ouzou lancent un appel aux opérateurs activant au niveau du Centre pour observer une journée de protestation demain. En attendant l'action de solidarité, des transporteurs du Centre, qui opèrent sur la ligne Alger-Tizi Ouzou, continuent de s'opposer à la décision de Sogral qui leur impose la prestation de réservation. Une semaine après avoir entamé ce mouvement de protestation, «aucun responsable n'a daigné s'enquérir de la situation», déplore M. Hamour, président de l'Association des transporteurs des voyageurs de Kabylie (ATVK), qui souligne que toutes les autorités concernées ont été mises au courant, y compris le Premier ministre. Les transporteurs, qui payent déjà 150 DA/bus hors taxes l'accès à la gare routière d'Alger, refusent la commission sur leur chiffre d'affaires qui est de 5%, d'après M. Hamour. Ce dernier estime que le mouvement de protestation a été suivi à 97%. La retenue sur le chiffre d'affaires, jugée arbitraire par les opérateurs, n'est pas la seule raison de cette contestation. «Le principe de la libre concurrence est bafoué. Ce système de réservation va mettre sur un pied d'égalité les anciens et les nouveaux opérateurs», dénonce un ancien transporteur. Certains transporteurs appréhendent le favoritisme quant à l'orientation des voyageurs. «Sogral s'arroge le droit de dispatcher les voyageurs selon des quotas», regrette ce transporteur. A tout cela, s'ajoutent des problèmes d'ordre technique. La ligne Alger-Tizi Ouzou compte 7 départs toutes les 15 minutes. «Sogral a-t-elle les moyens d'assumer une telle tâche ?», s'interrogent les transporteurs ayant eu à gérer des flux, notamment en début et en fin de semaine ainsi que durant les jours fériés. Les transporteurs de Tizi Ouzou boudent-ils la gare routière d'Alger ? «Non, c'est Sogral qui nous refuse l'accès», explique un autre opérateur. Actuellement, les voyageurs empruntant la ligne Tizi Ouzou-Alger ont droit à l'aller, mais leur retour est incertain. «Nous ne pouvons pas prendre les voyageurs de l'extérieur de la gare routière», souligne un receveur. Le retour des voyageurs vers Tizi Ouzou est conditionné par des pratiques spéculatives. Aussitôt que les transporteurs de Tizi Ouzou ont annoncé leur grève, des fraudeurs ont envahi la gare routière. «Il y a un véhicule à l'extérieur. C'est 500 DA la place», propose un jeune à des voyageurs perdus dans cette confusion générale qui règne à la gare routière. Questionné au sujet de l'accès des fraudeurs à l'intérieur de la gare, le représentant de l'Union des transporteurs estime que la lutte contre la fraude relève du rôle de la police et de Sogral. Où est donc le service public tant promis par le gouvernement ? Pour rappel, le ministère des Transports a mis en application une circulaire, en février dernier, portant sur le respect des droits du voyageur. Le dispositif de contrôle concerne le transport urbain, suburbain et interwilayas. Mais où sont passés les 214 inspecteurs de contrôle relevant des directions de wilaya, au moment où les écornifleurs envahissent la gare routière de la capitale pour profiter de l'anarchie qui y règne ? Pas seulement ; à l'extérieur de la gare, des abuseurs proposent leurs services au su et au vu des agents de police. Et ce, au moment où Sogral impose un mode de fonctionnement aux transporteurs légaux.