Il sera jugé jeudi pour le chef d'inculpation d'«atteinte à la DGSN et à son directeur général, M. Hamel», qu'il a cité nommément dans une chanson diffusée sur la Toile. Le mis en cause aurait interprété, dans un cabaret de la corniche oranaise, une chanson portant atteinte à la police et à son premier responsable, il y a de cela plus d'un mois. La chanson a été aussi gravée sur des CD vendus sur le marché informel. Elle a par ailleurs trouvé pas mal d'échos sur la Toile, notamment sur le site YouTube, où elle a enregistré 1487 accès. Intitulée Mama mia, cette chanson a par ailleurs été souvent reprise dans les stades, ce qui avait provoqué la colère des policiers. De ce fait, la DGSN a décidé de se constituer partie civile et a porté plainte contre le chanteur qui a été auditionné il y a un mois de cela. Cheb Fayçal a été arrêté vendredi à Aïn Témouchent, d'où il est originaire. Il a été transféré à la sûreté de wilaya d'Oran lorsque l'expertise vocale du CD en vente et de la voix interprétant cette chanson sur le Net a prouvé qu'il était bel et bien l'auteur de la chanson objet de la plainte. Cheb Fayçal a été ainsi présenté dimanche devant le magistrat instructeur près du tribunal Djamel Eddine d'Oran pour «atteinte à corps constitué». Il a été placé sous mandat de dépôt et sera jugé, selon nos sources, ce jeudi pour les faits retenus contre lui. L'arrestation du chanteur a suscité beaucoup d'émoi à Aïn Témouchent et à Oran. «Je ne comprends pas pourquoi on l'a arrêté, nous dira un de ses amis. Il s'est juste exprimé via une chanson. Doit-on arrêter les gens à cause de cela ? Où est la liberté d'expression ?» Kaddour Chouicha, président du bureau d'Oran de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme, dira quant à lui : «Sans préjugé sur la chanson, du fait qu'on ne l'ait pas encore entendue, tout ce qu'on peut dire c'est qu'on a affaire à une justice à géométrie variable, et cela dans le sens où, avec toutes les affaires de corruption rapportées par la presse, la machine judiciaire prend du temps pour s'ébranler, tandis que quand il s'agit d'un petit chanteur qui interprète une chanson contre la police, là elle devient rapide, voire expéditive !»