Après trente-cinq années au service de l'Etat, Boualem Sadek Nouar, sous-directeur de la formation doctorale et de la post-graduation spécialisée au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, vient de nous quitter, quelques mois seulement après avoir commencé à goûter aux plaisirs d'une retraite plus que méritée. Administrateur hors pair, intellectuel d'une vaste et haute culture, celles et ceux qui l'ont connu témoigneront de ses qualités humaines, de son savoir être avant son savoir-faire, de sa courtoisie, sa discrétion, sa modestie, mais aussi sa finesse d'analyse et son ingéniosité managériale. Fin négociateur, homme de principes et d'action, il alliait pragmatisme et discernement, souplesse et rigueur, humour et sérieux, esprit jeune et sagesse. La nouvelle de son décès a suscité une profonde émotion au sein de la communauté universitaire en général et, particulièrement, auprès des enseignants et étudiants de l'école doctorale de français et son réseau algéro-français de recherche de recherche-formation en langue française et les expressions francophones (LaFEF). Boualem Sadek Nouar a contribué, depuis 2004, à côté de ses missions spécifiques, à la mise en place puis au suivi et à l'accompagnement du projet FSP Ecole doctorale de français (EDAF), qui représente à ce jour l'expérience la plus importante et la plus aboutie dans le domaine de la coopération universitaire avec l'étranger, et qui a impliqué, côté algérien, 23 universités et pratiquement l'ensemble du réseau universitaire français, ce qui a permis la soutenance de plus de 1500 magistères et de plus de 150 doctorats. Il a ensuite, et jusqu'à son départ en retraite en février dernier, contribué à la mise en place et au suivi du réseau mixte LaFEF qui regroupe, en Algérie, les antennes habilitées de l'école doctorale de français et 12 laboratoires de recherche, et, côté français, 23 entités de recherche (laboratoires, centres, unités). Une expérience dont il faudrait capitaliser l'investissement pour d'autres disciplines en termes de transfert de connaissances, de coopération, de mobilité des enseignants, de management, de recherche et de valorisation (publications). Déjà bien avant, il avait contribué, pour la partie algérienne, au lancement et au fonctionnement du projet de coopération CMEP/Tassili, qu'il a dirigé jusqu'à son départ : toujours disponible, toujours prêt à faciliter aux collègues des deux côtés de la Méditerranée les démarches, à rendre efficaces et agréables les conditions de travail des uns et des autres en Algérie, toujours attentif aux personnes, particulièrement aux jeunes doctorants. Sans lui, rien n'aurait été fait, en particulier pendant les années difficiles (1991-1998). Même ceux qui ne l'ont pas connu de près, mais seulement à partir de lettres ou de courriels pour solliciter la résolution d'un problème quelconque, témoignent de ses qualités : il répondait vite, avec disponibilité, compréhension et responsabilité. L'essentiel était pour lui d'aller de l'avant avec rationalité, esprit d'équipe et une algérianité exemplaire. Toujours au poste malgré ses soucis de santé de plus en plus sérieux, il a été, avec sagesse, retenue et ouverture d'esprit, un grand frère pour les doctorants et un ami pour tous les enseignants, toutes filières confondues, toujours à l'écoute, affable et courtois, sévère quand il le fallait mais juste. Les messages qui nous parviennent, pleins d'émotion, soulignent sa gentillesse, sa disponibilité et son abnégation. Homme d'une honnêteté et d'une générosité peu communes, Sadek Boualem Nouar faisait toujours preuve d'humilité et ne laissait jamais son interlocuteur indifférent. C'est le départ d'un juste. Il était d'une envergure sans rapport avec le modeste poste qu'il occupait et a été pendant des décennies une des locomotives silencieuses du ministère, par delà le secteur qu'il gérait. Que Dieu le fasse entrer dans Sa Miséricorde et que son âme puisse, libre et heureuse, voguer dans un monde de lumières.