Les habitants de la cité Dehimat, dans la commune de Sidi Moussa, ont bloqué la route, jeudi dernier, pour exprimer leur ras-le-bol et exiger l'amélioration de leur cadre de vie. Les émeutiers, dont la plupart sont des jeunes, ont fermé la voie principale menant vers le chef-lieu de la commune à l'aide de troncs d'arbres et de pneus brûlés, et ont jeté des pierres en direction des gendarmes venus dégager la route, a-t-on constaté sur place. Les protestataires ont aussi refusé de rencontrer un adjoint du maire qui a tenté d'apaiser la colère des habitants, en les invitant au dialogue. Les jeunes émeutiers ont toutefois accepté de nous recevoir et de se confier à nous. «Nous sommes sortis dans la rue parce que les responsables de la commune ont menti», nous dira, tout de go, un des protestataires. Selon lui, le maire avait promis de relancer le projet de réhabilitation de la route début juin. Une échéance dépassée sans que rien soit fait, explique-t-il.En conséquence, la voie menant vers leur localité reste complètement dégradée. Pourtant, ajoute un autre émeutier, «un budget a été dégagé à cet effet et les travaux ont été entamés depuis des mois par un entrepreneur, à qui le projet a été retiré en raison du grand retard enregistré». «A ce jour, aucune entreprise n'a été choisie pour reprendre les travaux et nous éviter les désagréments quotidiens», dénoncent-ils. Pis encore, les travaux de raccordement aux réseaux, effectués par la Seaal et Sonelgaz, ont aggravé l'état de la route et l'ont rendue complètement impraticable par endroits, «sans que les responsables locaux bougent le petit doigt», dénoncent les protestataires. Les doléances des habitants de Dehimat ne se limitent pas au seul problème de la route. Selon eux, leur localité est déshéritée et complètement abandonnée par les autorités locales. En fait, malgré le raccordement aux réseaux d'électricité, de gaz et d'AEP, les résidants de cette cité «rurale» se disent marginalisés comparativement aux habitants d'autres cités relevant de leur commune. «Il est anormal qu'aucun jeune chômeur de notre cité ne bénéficie d'un local ou d'un étal commercial au marché communal», dénonce un jeune citoyen. «Même les handicapés ont été oubliés. J'ai déposé un dossier et j'attends depuis des mois, hélas, on continue de m'ignorer», s'indigne, de son côté, un jeune handicapé, venu sur un fauteuil roulant, assister à cette action de protestation. Les infrastructures pour jeunes sont, elles aussi, source de colère pour les jeunes résidants. L'unique stade de football existant présente un sérieux danger pour les athlètes qui le fréquentent. A l'état défectueux du terrain en tuf, s'ajoute l'absence de vestiaires et la défaillance de l'éclairage . Mais le projet non concrétisé qui a provoqué un sentiment de frustration parmi les jeunes habitants de cette localité, est le non-raccordement de la cité Dehimat à la connexion internet. Pourtant, soutiennent nos interlocuteurs, de nombreuses autres cités en ont bénéficié depuis des mois. Il est à préciser que les habitants de cette cité ont fermé la route il y a près de trois mois pour les mêmes raisons. Ils affirment qu'ils n'hésiteront pas à recourir à l'émeute jusqu'à la prise en charge de leurs revendications.