Quatre classes ont été fermées avant-hier à Beni Saf, 2 à El Farabi, le principal foyer d'infection, et 2 autres dans des écoles auxquelles la grippe A s'est étendue. Il s'agit de Khaldi Boucif dans le quartier Beni Khaled, et Sidi Yekhlef Okacha, dans le quartier Sidi Sohbi. Ce dernier est situé sur l'une des principales entrées de Beni Saf. A Sidi Yekhlef, les 454 élèves étaient tous présents. La classe 4e année primaire devait être fermée aussi. L'explication est simple : deux équipes de santé qui procédaient à un examen médical dans les classes les avaient retenus. Ils ne reviendront pas l'après-midi et pendant 7 jours. Une de leurs camarades a été déclarée positive le 5 novembre. Elle a été contaminée par sa grand-mère de 78 ans résidant au Plan II, laquelle l'a été par son petit-fils qui fréquente l'école El Farabi. A Beni Saf, c'est le branle-bas de combat. Six équipes médicales sont mobilisées pour effectuer des examens médicaux massifs à travers les 22 écoles de la commune. C'est que l'on est à 18 cas positifs et que l'on caracole parmi le peloton de tête des villes les plus touchées. Sur ces 18 cas, 5 sont encore sous traitement, alors que 5 autres cas suspects sont hospitalisés et attendent que leur cas soit confirmé ou infirmé par l'Institut Pasteur. Deux autres nouveaux cas pourraient être déclarés suspects dans la journée après le contrôle effectué hier aux écoles Sidi Yekhlef et El Farabi. L'entourage de ces deux cas, en particulier tous les membres de leur famille et les voisins devaient être eux aussi examinés dans la journée, selon le DSP, présent lors du passage de l'équipe médicale dans les établissements scolaires de la ville. Mais où en est exactement la situation ? Le docteur Houcini, rencontré à la polyclinique du Plan II, dresse le bilan suivant : la propagation a commencé avec le premier cas confirmé le 21 octobre. Il s'agit d'un émigré qui avait contaminé 6 personnes, dont 4 élèves scolarisés, 2 à El Farabi et 2 autres à Hasni Laradj. Si dans cette dernière école, plus aucun cas n'est apparu depuis, à El Farabi, il en est autrement. Pour le docteur Hamdi, épidémiologiste, cela s'explique par le fait qu'El Farabi concentre un plus grand nombre d'élèves avec des classes chargées, soit 584 contre 315 à Hasni Laradj. « La propagation y a plus de chances de se développer. » Ainsi, le 31 octobre dernier, 3 autres cas sont déclarés positifs à El Farabi. Le 5 novembre, 4 écoliers dont 2 à El Farabi et 2 autres à Sidi Yekhlef et à Khaldi Boucif sont déclarés aussi positifs. Au total, ce sont 11 écoliers dans 4 foyers dits sujets pour lesquels il a été décidé de détacher spécialement à plein temps un médecin pour assurer une surveillance sanitaire. Pour ce qui est des 7 autres malades non scolarisés, il y a le premier vecteur, dit cas index, 2 de ses enfants non scolarisés, la grand-mère de 78 ans sus-citée ainsi que deux jeunes filles de 15 et 19 ans. Enfin, la septième personne malade est un autre cas index. Il s'agit d'une femme de 67 ans, rentrée le 31 octobre dernier de France et hospitalisée le 2 novembre. Avec elle, c'est un deuxième foyer d'infection qui est apparu, puisqu'elle a été accueillie dans sa famille à Oulhaça, une commune voisine de Beni Saf par-delà l'embouchure de la Tafna. N'y a-t-il pas risque d'ouverture d'un autre front pour les autorités sanitaires ? Celles-ci rassurent en indiquant que les 28 personnes de ses 3 familles d'accueil sont sous surveillance quotidienne. Pour le docteur Hamdi, la situation aurait pu être pire, mais tous les cas de grippe A ont bien réagi au traitement et aucun d'eux, parce que dépisté à temps, n'avait développé de complications sérieuses comme cela s'est vu en Europe. Toujours est-il que rien ne va comme dans le meilleur des mondes. Ainsi, à El Farabi, où nous sommes également passés, l'on a mal accueilli la fermeture d'une des deux classes de l'école. Son directeur et un représentant de la DE contestent même : « Dans cette classe, le cas déclaré positif n'a pas été en contact depuis 10 jours avec ses camarades. Alors si l'un d'eux avait été contaminé, cela serait déjà apparu puisque l'incubation dure de 7 à 10 jours. Pourquoi donc livrer à la rue pour rien pendant une semaine toute une classe ? ». La question est des plus pertinentes. Elle remet en cause la centralisation de la décision puisque celle-ci n'est pas prise localement mais par le ministère sur la base de bulletin de renseignement quotidien (BRQ). En effet, sachant la conduite à tenir selon le dispositif sanitaire établi, pourquoi ce ne serait pas la direction de l'éducation, le DSP, voire le wali, qui prendraient cette décision. N'est-ce pas parce que la décision de fermeture a été très tardivement prise par le ministère, soit 3 jours entre la découverte des 4 premiers cas positifs en milieu scolaire et le jour de la fermeture, que la maladie s'est autant propagée ?