Au moins 30 personnes ont été tuées hier dans le troisième attentat suicide en trois jours dans le nord-ouest du Pakistan, pays où les talibans liés à Al Qaîda intensifient leur campagne qui a déjà fait près de 2 500 morts en plus de deux ans. Le kamikaze a fait exploser sa voiture en fin d'après-midi au cœur du petit marché de Charsadda, dans la banlieue de Peshawar, la grande capitale de la province du nord-ouest, sur une route bordée par des marchands de jus de fruits et d'échoppes de vêtements pour femmes, selon la police. « Nous avons reçu les cadavres de 25 personnes, dont 6 enfants et 3 femmes, et nous traitons au moins 40 blessés », a déclaré le Dr Zulfiqar Ahmad, de l'hôpital principal de Charsadda. Ce bilan a été confirmé par la police. « C'est certain, il s'agissait d'un attentat suicide à la voiture piégée », a assuré à des journalistes Mohammad Riaz Khan, le chef de la police de Charsadda, ajoutant que l'attaque avait été perpétrée « sur le marché principal, dans une zone très fréquentée en fin d'après-midi ». Près de 2 500 personnes ont été tuées en un peu plus de deux ans dans tout le Pakistan par des attentats suicide pour la plupart, perpétrés par les talibans alliés à Al Qaïda. Lundi à Peshawar, un kamikaze avait fait exploser la bombe qu'il portait sur lui à un check-point tenu par des policiers, tuant un agent et deux civils. La veille, un kamikaze avait déjà tué 15 personnes, dont un élu local qui était sa cible, dans un marché au bétail de Peshawar. Le rythme de ces attaques, devenues quasiment quotidiennes, s'est accéléré, les attentats et attaques de commandos suicide ayant fait près de 400 morts dans le pays en un mois. Le Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), principal responsable de la vague qui ensanglante le pays, avait revendiqué cet attentat qui visait un maire ayant levé une milice locale pour les combattre. Les talibans avaient tout d'abord essayé de dissuader l'armée de lancer une vaste offensive terrestre dans leur fief tribal du Waziristan du Sud, puis juré de se venger dès son déclenchement le 17 octobre. L'attentat le plus meurtrier depuis deux ans avait fait 118 morts le 28 octobre quand un kamikaze avait fait exploser sa voiture sur un marché bondé, fréquenté essentiellement par des femmes et des enfants.