Ahmed Benbitour n'a pas contacté de partis politiques pour soutenir sa campagne à l'élection présidentielle d'avril 2014 ou pour les appeler à défendre son programme. «Je considère que ce n'est pas encore le moment», a-t-il déclaré, mardi soir à Alger, lors de son passage à l'espace Plasti d'Algérie News. Il intervenait, en compagnie de l'économiste Ammar Belhimer, sur le thème «Les élites algériennes et la crise politique». Premier candidat déclaré à la présidentielle de 2014, Ahmed Benbitour dit souhaiter un scrutin ouvert et transparent. Même s'il s'attend à des épisodes de sabotage. Comment mobiliser les élites intellectuelles face à la crise multidimensionnelle que vit le pays, telle est la question cruciale pour le candidat. «Nous allons vers une présidentielle que nous espérons ouverte. Nous avons besoin d'une majorité mobilisée, pas obligatoirement d'un consensus», a-t-il soutenu. Et d'ajouter que «le plus grand problème aujourd'hui, c'est le fatalisme de la population. Il faut donner un espoir pour que les citoyens reprennent confiance». M. Benbitour précise que «la prochaine élection présidentielle doit être l'occasion de changer tout le système et non pas changer uniquement quelques personnes, ceci pour faire face à la dérive fort probable, qui peut survenir par la violence». «Nous sommes en baisse tendancielle des recettes d'hydrocarbures. Si le prix du baril baisse à moins de 70 dollars, il ne restera aucun dinar pour gérer le budget de fonctionnement de l'Etat», a-t-il expliqué. M. Benbitour a développé, lors de la rencontre, les grands axes de son programme. Pour lui, «huit défis sont à relever : politique, économique et social, culturel, moral, sécuritaire, bonne gouvernance, mobilisation citoyenne et défi diplomatique». En outre, il pense qu'«il y a d'autres grandes priorités comme la refondation de l'Etat, la restructuration de l'administration centrale, locale et à nos frontières ; le renforcement de la justice, la modernisation de l'armée et la refondation de l'école». «J'ai assumé des responsabilités à des moments difficiles» Par ailleurs, le conférencier a rappelé qu'il était «au service de l'Etat algérien et non pas du régime». «Je suis arrivé avec la présidence de Mohamed Boudiaf. J'ai assumé des responsabilités à des moments difficiles que traversait le pays. Avec mes compétences, je pouvais enseigner dans des universités étrangères», a-t-il affirmé. Sur un autre point, il a indiqué que «le Congrès de la Soummam a bien défini la primauté du politique sur le militaire», faisant allusion aux ingérences du DRS dans la vie politique algérienne. De son côté, le professeur Ammar Belhimer a préféré parler d'un personnel d'encadrement que d'élites algériennes. «Il n'y a pas assez d'homogénéité et pas assez d'autonomisation vis-à-vis du pouvoir. Le régime a besoin de courtisans et non pas d'intellectuels. Ceux qui se réclament de la famille révolutionnaire, les bureaucrates et une partie des militaires sont pour la plupart les composantes de ce personnel encadrant», décrit-il. Le Dr Belhimer observe que «le personnel d'encadrement répond à des logiques de soumission aux directives provenant de l'extérieur du pays. Ce personnel développe un besoin qui n'a rien à voir avec les intérêts nationaux. C'est un lumpen compradora». «Il semble que la prévalence des intérêts étrangers en Algérie s'exprime à travers l'Accord d'association signés en 2005 avec l'Union européenne», souligne-t-il.