En effet, la décision du gouvernement d'amender l'instruction n°3 du 30 septembre 2009 relative aux modalités de révision des régimes indemnitaires des fonctionnaires et agents contractuels, pour tenir compte de sa rétroactivité à partir du 1er janvier 2008, n'a pas incité les syndicats autonomes de la Fonction publique, réunis sous l'égide de l'Intersyndicale, à renoncer à leur action de protestation, la deuxième du genre, entamée dimanche dernier. Le ministère de l'Education n'a pas non plus convaincu les enseignants de reprendre immédiatement les cours, malgré la décision d'annuler les mesures portant ponction sur salaire des journées non enseignées. Les cinq syndicats initiateurs de la protesta estiment que seuls leurs conseils nationaux respectifs peuvent décider du gel ou de la poursuite du débrayage. « Pour l'heure, nous poursuivons le plus normalement du monde notre action de protestation, nous allons toutefois rendre compte à la base du contenu de notre réunion avec le ministre de l'Education et de la décision du gouvernement. La base tranchera la question », ont souligné à l'unanimité les porte-parole de ces organisations syndicales. Sur le terrain, hier, la grève était suivie. La majorité des établissements scolaires à travers le territoire national étaient paralysés et les élèves ont été renvoyés chez eux. Dans la même journée, le ministre de l'Education nationale a fait part aux syndicats, lors d'une réunion de travail, de la volonté de son département à mettre en œuvre « au plus tôt » les réponses positives apportées par le gouvernement aux revendications soulevées par les travailleurs du secteur. Dans ce sillage, une commission mixte (ministère de l'Education nationale-syndicats) sera à pied d'œuvre dès aujourd'hui pour l'élaboration, dans les délais les plus courts, des propositions relatives au régime indemnitaire des enseignants. Ainsi, rassure le gouvernement, « conformément à la décision du Premier ministre, toutes les primes et indemnités entrant dans la composition du salaire seront versées avec effet rétroactif à partir du 1er janvier 2008 ». Benbouzid a promis qu'une « large concertation » sera engagée avec tous les syndicats autour de la révision du dossier des œuvres sociales des travailleurs de l'éducation nationale, précisant qu'une réponse positive a été, en effet, donnée quant à « l'élargissement de la gestion des œuvres sociales aux différentes organisations syndicales du secteur ». Le ministre leur a affirmé qu'une réponse favorable a été également émise aux revendications liées au dossier de la médecine du travail dans ses différents volets, notamment médical et social. Dans ce cadre, les partenaires concernés – ministères de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale – y seront associés. En outre, le ministre, « dans un geste d'apaisement », a rassuré les syndicats quant à l'annulation de la défalcation sur salaire des journées non enseignées, à charge pour les enseignants de rattraper tous les cours perdus suivant un planning qui sera arrêté par l'administration de chaque établissement scolaire. Le ministre appelle ainsi les syndicats à une prise de conscience objective qui soit à la hauteur de ces réelles avancées. En guise de réplique, les syndicats autonomes estiment qu'ils doivent retourner à la base qui se prononcera sur les propositions du ministre. Mais à chaud, le premier responsable du CLA explique que pour l'heure, les syndicats autonomes revendiquent l'ouverture des négociations sur le régime indemnitaire ainsi que la revalorisation des salaires, qui doit se faire sur la base du point indiciaire qui, à son tour, doit être flexible par rapport aux prix affiché sur le marché. Pour ce qui est de la décision du gouvernement, le CLA estime que le gouvernement a « corrigé une erreur » qu'il a commise envers les fonctionnaires. « Le gouvernement s'est trompé et il a admis sa faute en la corrigeant. Cela ne sous-entend pas qu'il a répondu favorablement aux revendications énumérées dans notre plateforme d'où le maintien de la grève », affirme M. Idir. Pour sa part, le Cnapest pense que le gouvernement devrait doter le ministère de larges prérogatives lui permettant de répondre à toutes les doléances des travailleurs de son secteur. Pour ce qui est de la grève, le Cnapest soumettra à ses adhérents les propositions du ministre. « Nous sommes ouverts au dialogue et prêts à reprendre si la base nous donne le feu vert. Néanmoins, nous avons fait comprendre au ministre que nous voulons du palpable et non des promesses », a souligné M. Boudiba. De son côté, le Snapest s'est dit « favorable » à la décision du gouvernement relative au régime indemnitaire, mais préfère attendre l'application « effective » de toutes les autres décisions avant de crier victoire. Pour l'heure, le syndicat poursuit sa grève et ne tranchera cette question qu'après la réunion du conseil national qui interviendra dans les prochains jours.