Nous ne laisserons pas nos frères mourir seuls. Nous seront tous à Khartoum. » A 24 heures du match décisif pour la qualification au Mondial sud-africain de 2010, qui aura lieu demain au Soudan, les supporters algériens sont surchauffés. Ils veulent tous aller à Khartoum et ils déferlent sur l'aéroport international d'Alger. Des centaines de jeunes se sont déplacés, depuis dimanche soir, à l'aéroport dans l'espoir d'avoir une place sur un vol à destination de la capitale soudanaise programmés par Air Algérie. Les agences de la compagnie nationale de transport aérien sont prises d'assaut. C'était le branle-bas de combat hier, au niveau de l'infrastructure aéroportuaire. Désorientés, les supporters algériens posent le même genre de questions : où se vendent les billets d'avion ? Au stade du 5 Juillet ? A l'intérieur de l'aéroport ? Au niveau des agences d'Air Algérie à Alger ? C'est la pagaille générale. « Hier soir, Air Algérie vendaient des billets à l'aéroport. Aujourd'hui, les policiers nous demandent d'aller au stade du 5 Juillet », lance Hamza, un supporter venu de Bouira. Comme lui, des dizaines de jeunes font, depuis le matin, le pied de grue devant l'accès principal de l'aéroport. « Nous voulons partir. Nous n'avons pas fait le déplacement pour rien. Nous ne bougerons pas d'ici avant d'avoir nos billets », déclare un des présents à l'adresse d'un policier qui l'invite à monter dans l'un des bus de transport d'étudiants réquisitionnés pour emmener les supporters au stade du 5 Juillet afin d'acheter leurs billets. Le policier tente de les rassurer : « Je vous jure que les billets sont disponibles au stade. Il faut y aller et vous ne serez pas déçus. » En vain. Chauffés à blanc, les fans ripostent en scandant le slogan : « One, two, three viva l'Algérie ». Ils se demandent pourquoi ils ne bénéficient pas de facilités pour effectuer ce voyage. « Nous ne sommes pas des candidats à la harga, nous voulons juste soutenir notre équipe nationale. Pourquoi on ne nous facilite pas la tâche ? », renchérit Slimane, un jeune de Batna. « J'ai vendu mon portable pour partir » Les supporters de l'équipe nationale lancent également des appels aux opérateurs algériens pour financer ce déplacement. « Où sont ces opérateurs ? Pourquoi ne mettent-ils pas la main à la poche pour nous garantir un voyage gratuit ? », interrogent-ils. N'ayant pas les 20 000 DA nécessaires pour l'achat d'un billet, certains supporters ont été contraints de faire une quête pour se rendre au Soudan. « Moi, j'ai été obligé de vendre mon téléphone portable », affirme Mohamed. Ceux qui ont réussi à accéder à l'intérieur de l'aéroport ne sont pas avantagés. Eux aussi peinent à avoir le précieux billet. Rassemblés devant l'unique agence d'Air Algérie en service dans cette infrastructure, ils attendent avec impatience leur tour. Ici, c'est la pagaille générale. Même les agents de l'ordre sont dépassés. Désorganisés, les supporters veulent tous acheter le document en même temps. « Il y a des gens qui se sont présentés avec 50 passeports, alors que moi j'attends depuis hier soir », déplore Abdelkader Reguig qui s'est déplacé de Constantine Les responsables d'Air Algérie tentent de rassurer Face à cette situation, les agents d'Air Algérie sont pris entre le marteau et l'enclume. Ils craignent même d'être agressés dans le cas où les supporters ne sont pas tous satisfaits. « Moi-même je n'ai rien compris. Mais j'ai peur », lance une hôtesse de l'air. Interrogé, un responsable de la compagnie nationale estime que l'entreprise a tout organisé. « Nous avons mis en place des guichets au stade du 5 Juillet et d'autres au niveau du T3, à l'aéroport. Mais les jeunes ne veulent pas s'organiser. Il y en a même qui veulent partir gratuitement », dit notre interlocuteur. Selon lui, Air Algérie a programmé 30 vols, dont 15 pour la journée de lundi. « Nous allons transporter le maximum de supporters. Nous continuons à assurer des dessertes jusqu'à mardi soir », ajoute-t-il. Hostiles à tout ce qui est égyptien Profondément marqués par l'agression contre les supporters algériens au Caire, les jeunes rencontrés à l'aéroport sont toujours en colère. Ils s'en prennent à l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy et à tous ce qui est égyptien. « La première chose que je ferai à Khartoum est de détruire ma puce Djezzy », lance un supporter. Ce dernier doute même de l'initiative prise par cet opérateur de financer le déplacement des supporters algériens au Soudan. Les jeunes Algériens sont convaincus que leurs concitoyens ont vécu l'enfer au Caire. « Il y a eu des jeunes tués en Egypte. Nous ne pouvons pas supporter de tels actes », lancent-ils. Même les agents de police étaient touchés à la vue de l'état des jeunes Algériens revenus, dimanche dernier, du Caire. « Je n'ai pas vu de corps, mais les images et les vidéos que j'ai vues chez les supporters sont atroces. La majorité de ceux qui sont rentrés hier (dimanche) étaient blessés », souligne un policier. `