La FIFA devait boucler, en cette soirée de mercredi 18 novembre 2009, la liste définitive de tous les pays qualifiés au prochain Mondial sud-africain, avec les derniers matches de barrage (ou d'appui) au programme des ultimes phases éliminatoires. De toutes les rencontres qui se sont tenues à travers les cinq continents, celles qui ont opposé l'Algérie et l'Egypte – trois au total dont la dernière en terrain neutre – auront été sans aucun doute les plus acharnées, les plus tendues, les plus aventureuses aussi. La triple confrontation entre les deux sélections a été, en effet, marquée par une tension et une charge émotionnelle extrêmes qui ont dépassé de loin le contexte de la passion sportive pour se transformer en atmosphère de guerre psychologique avec son lot de débordement chauvin, de dépassement extra-sportif et de dérives verbale et médiatique qui ont chauffé les esprits de part et d'autre et donné lieu à un déchaînement de violence qui a fait craindre le pire pour les relations entre les deux pays jusque-là normalisées et sans ombrage particulier. A cause d'un match de football, désormais entre notre pays et celui des pharaons, il y a comme un ressort qui s'est cassé par la faute de l'égocentrisme égyptien qui a tout faussé au départ en utilisant d'autres expédients que le football pour prétendre assurer sa présence au pays de Mandela. Connue déjà pour ses combines de coulisses et sa propension à recourir aux recettes les plus extravagantes pour obtenir la victoire coûte que coûte, l'Egypte est allée cette fois trop loin dans sa tentative d'intimidation face aux Algériens, en n'hésitant pas, au match retour du Caire, à s'en prendre ouvertement aux joueurs eux-mêmes par le biais de « supporters » surexcités, visiblement commandités pour caillasser le bus de nos représentants à peine débarqués d'Italie où ils se trouvaient en stage. La sélection nationale s'en est sortie miraculeusement avec seulement quatre joueurs blessés plus ou moins graves mais avec un traumatisme moral qui allait peser lourd le jour du match. Alors que la rencontre se présentait dans le meilleur des esprits, voilà la manifestation de lâcheté qu'il ne fallait pas commettre et qui mit les Algériens devant la réalité de ce qui les attendait en pays « frère ». L'enfer tout simplement… Tout a donc commencé par ce traquenard prémédité et pensé conjointement par le président de la Fédération égyptienne de football et le rejeton du président Moubarek, sous l'œil bienveillant des représentants de l'auguste fédération internationale qui ont pris acte sans pour autant intervenir pour à défaut de sanctionner le pays hôte, du moins à le rappeler à l'ordre dans une conjoncture explosive qui ne pouvait que dégénérer. La duplicité de la FIFA a évidemment encouragé les Egyptiens à pousser encore plus loin leurs actes d'agression en faisant carrément la chasse aux supporters algériens avant, pendant et surtout après le match, c'est-à-dire même après que le onze égyptien ait réussi à arracher une égalisation venue d'une autre planète synonyme en principe d'une ambiance décompressée. La haine des pharaons envers nos compatriotes n'avait d'égale que cette ivresse collective aveugle qui rendait fous les gens, les petites gens surtout, et par laquelle on voulait rétablir un honneur et une gloire qui pendaient à un fil. Mais tout cela ne se serait sûrement pas passé ainsi si la danse du scalp n'avait pas commencé dans les studios de certaines chaînes de télévision privées égyptiennes, relayées par la suite par la grande presse officielle, qui éprouvaient visiblement un plaisir macabre à ajouter de l'huile sur le feu. A l'action des Egyptiens que nos autorités ont dénoncée et condamnée presque du bout des lèvres pour ne pas envenimer encore davantage le climat délétère qui s'est installé brutalement entre nos deux pays, il y a eu réaction algérienne avec ses débordements prévisibles. Ce fut l'escalade dans la détérioration des rapports entre Le Caire et Alger, noyée dans un mouvement d'hystérie nationaliste jamais vu jusque-là en corrélation avec un match de football. Au vocabulaire inintelligent et irréfléchi des médias, la rue a répondu par la casse, mais également par une ferveur populaire très dense qui a sonné comme un air de liberté dans une atmosphère politicienne où tous les calculs mesquins étaient permis. Cela dit, toute l'Algérie s'est mobilisée derrière son équipe avec une foi inébranlable en la victoire finale. Idem pour la population du Nil qui ne pouvait plus douter de ses représentants. C'est fou ce qu'un ballon rond peut générer comme espace de défoulement à un trop-plein de détresse sociale vite transformé en exutoire pour un amour de la patrie qui n'a plus de limites dans le temps. Lorsque l'orgueil national est affecté de la sorte, le football perd forcément sa raison. Mais dans toute cette liesse collective qui nous a envahis pendant des jours et des nuits, c'est l'attitude ambiguë de nos officiels que l'on retiendra. Jamais on ne comprendra pourquoi ces derniers ont hésité à mettre en garde fermement les Egyptiens contre leurs agissements agressifs envers nos compatriotes. Pourquoi n'a-t-on pas fait grand tapage pour dénoncer avec la plus grande virulence l'attitude de la FIFA qui s'est distinguée par un parti pris flagrant ? Pourquoi notre télé continue-t-elle à persister dans une censure ridicule alors que les images étaient sur tous les écrans du monde. En définitive, ce match Algérie-Egypte a dévoilé toute la frilosité de nos hommes politiques qui ont préféré jouer la « défensive » au lieu d'entrer dans l'arène pour défendre la justesse de notre cause. Il a confirmé, faut-il encore insister, toute l'incompétence de l'Unique à faire face à son devoir d'informer devant des épreuves de ce genre. Un exemple : c'est plus le ministre des Sports qui a été sollicité pour parler des événements du Caire, alors que sur place il y avait tous les envoyés spéciaux pour le faire.