Les deux entreprises, Cosider et Daewoo, chargées de l'aménagement de oued El Harrach, mènent de front plusieurs chantiers. A quelle cadence sont menés les travaux lancés en juin dernier ? «Très appréciable», se réjouit Smaïn Amirouche, directeur des ressources en eau (DRE), dont l'administration chapeaute le projet d'aménagement et de dépollution de l'oued sur une vingtaine de kilomètres. «On a commencé par des sections, variant entre 1 et 5 km que l'on doit finir rapidement. Nous avons engagé des travaux sur sept chantiers des huit prévus. Le premier se trouve au niveau de l'embouchure de l'oued qui est presque achevé ; le deuxième grand chantier concerne la station de pompage des eaux épurées, installée dans la station d'épuration (STEP) de Baraki. Après l'achèvement de l'opération pose des pieux, il nous reste à lancer les travaux d'infrastructures. Le troisième chantier est engagé à Bentalha, vers la commune de Sidi Moussa, sur une distance de 4 km. Les travaux avancent également très bien. C'est à cet endroit que nous avons constaté, lors de la visite des ministres des Ressources en eau et de l'Environnement, que l'oued fait par endroit 400 m de large», précise M. Amirouche, assurant que ce qui était un «paysage lunaire», où les gens volaient du tout-venant et déchargeaient toutes sortes de gravats, a été aménagé avec des éléments en béton végétalisables sur les talus. «Le quatrième chantier est lancé aussi de Bentalha, mais en revenant vers Baraki. L'autre partie, vers Sidi Moussa, est confiée aux Coréens, alors que Cosider s'occupe de l'autre sens (vers Baraki). Le quatrième chantier est situé à la Prise d'eau (commune de Bourouba)», indique le directeur. Dans la commune d'El Harrach, plusieurs constructions sont sorties de terre, alors que la zone est inondable, donc classée NU (Non urbanisable). Par le réaménagement de l'étude aux Trois-Caves, toutes les habitations du quartier seront épargnées par la démolition. «A cet endroit de l'oued, 2000 lots de terrain ont été distribués et 2000 villas ont été construites. Les pouvoirs publics ont aménagé des routes et construit des équipements publics. On a même réalisé, sur budget de wilaya, une station de relevage qui est actuellement fonctionnelle. Les travaux entrepris permettront d'élargir l'oued du côté du quartier de la Prise d'eau qui fait face aux Trois-Caves, cela nous permettra de sauvegarder les quelques habitations qui étaient presque greffées à l'oued. Il y aura à l'avenir une voie bétonnée cyclable qui sépare les habitations du lit du fleuve», précise M. Amirouche. Le sixième chantier mené par le groupe est localisé à hauteur du viaduc en remontant vers Haï Remli — à cet endroit des ossements avaient été mis au jour par les ouvriers — alors que le septième se trouve au niveau de la pénétrante de Baraki. Quel est le taux d'avancement du projet qui devait s'achever, selon les délais contractuels, en décembre 2015 ? Pour le directeur, il est «difficilement estimable par rapport à la nature du terrain et la nature des travaux sur chaque section». «Globalement, nous en sommes à 25%. Nous sommes dans les plannings tels que tracés au démarrage, bien que cette année nous avons été très gênés par les précipitations. Nous avons demandé aux sociétés de prévoir des aménagements avant l'hiver», estime-t-il. Projets d'assainissement D'autres projets viennent se greffer au projet d'aménagement. Il s'agit de deux stations d'épuration (STEP), confiés au ministère l'Environnement. Les études sont terminées. «Mme la ministre de l'Environnement a fixé l'échéance de fin d'année pour lancer les appels d'offres. Une station sera réalisée dans la zone industrielle de Oued Smar, et une autre dans celle de Baba Ali pour épurer les eaux polluées de Oued Smar et El Harrach pour la première, et Baba Ali et Gué de Constantine pour la deuxième», relève le directeur de l'Hydraulique, qui affirme qu'il existe 300 unités industrielles sur le versant de l'oued. Deuxième projet : la deuxième tranche de la STEP de Baraki en cours de réalisation permettra de traiter les rejets qui sont dans l'oued El Harrach et pour lesquels la direction a lancé des travaux de réalisation de collecteurs. «Le chantier de la STEP sera terminé en décembre 2014, soit une année avant la fin du projet. Pour ramener les eaux usées vers cette station, on est en train de réaliser deux grands collecteurs : le premier à oued El Kerma sur 13 km, au niveau de Draria, Saoula, Kherassia, Douéra, Birkhadem, Gué de Constantine. Les travaux sont bien avancés. Le deuxième, localisé à Baba Ali, desservira la partie nord de Saoula, Ouled Chebel, Birtouta et une partie de Kheraïssia. Les travaux avancent là aussi à un bon rythme», précise M. Amirouche, qui assure qu'en parallèle à ces projets il y a ceux de Draria (collecteur de Douéra), des réseaux d'assainissement à Birtouta, Tessala El Merdja. La direction de la Radieuse «partira à la chasse» aux écoulements d'eaux usées à ciel ouvert une fois tous les projets sus-cités achevés. «On se projette à l'horizon 2016 pour collecter et épurer 90% des eaux usées de la capitale. Les 10% restants vont nous tirer jusqu'en 2018. On sera obligé de lancer la 3e tranche de Baraki. Avec ce dernier projet et la 2e tranche de la STEP Beni Messous et la 1re tranche de celle Zéralda, nous arriverons à un taux d'épuration qui s'approchera de 90%. L'oued sera, après le curage et le dragage, navigable sur les 5 premiers kilomètres jusqu'au viaduc Sapta de l'autoroute (rocade Sud Dar El Beïda-Zéralda)», promet le directeur. Qui va gérer le projet à l'avenir ? «Nous allons créer un EPIC ou une EPE qui gérera toutes les infrastructures (6 stades, des pistes cyclables sur 18,2 km, etc.). On commencera, dès le mois prochain, par la confection des statuts. On fera appel à un consultant qui nous aidera à sortir la mouture pour créer une entreprise à l'image de l'EPE qui gère le Jardin d'essai du Hamma. 850 ouvriers sont sur les chantiers. Ils seront 1750 avant la fin de l'année. Nous allons créer 500 postes d'emploi pour gérer toutes les installations. Les travailleurs seront recrutés parmi les riverains (El Harrach et Bourouba) que nous formerons», signale M. Amirouche.