Les importations sont passées de 27,790 milliards de dollars en 2006 à 50,051 milliards de dollars en 2008. Les services importés représentent la plus importante facture avec 10,87 milliards de dollars en 2008, alors qu'ils coûtaient 4,78 milliards de dollars en 2006. Les mesures tendant à réduire cette facture n'auront pas d'incidence parce qu'elles ne toucheront pas les produits qui saignent le Trésor public. Les mesures prévues par la loi de finances 2009, visant à limiter la facture des importations, ne semblent pas toucher les secteurs les plus coûteux pour l'Etat. C'est du moins ce qui ressort de l'analyse de l'évolution des importations entre 2006 et 2008, passées de 25,790 à 50,051 milliards de dollars. Ainsi, le bilan montre que l'ardoise des produits alimentaires tels que les céréales, le lait, l'huile, les alcools, etc., est passée de 3,680 milliards de dollars en 2006 à 4,954 milliards de dollars pour atteindre 7, 747 milliards de dollars. Dans cette catégorie, le blé, le méteil (mélange de céréales) et le lait en poudre ont occupé la première place en 2008, avec, respectivement, 3,174 milliards de dollars et 1,162 milliard de dollars. Derrière viennent le maïs et le sucre dont les importations en 2008 ont atteint respectivement 671,33 millions de dollars et 410,51 millions de dollars. La facture du médicament, quant à elle, atteint toujours, en 2008, la somme faramineuse de 1, 695 milliard de dollars pour un secteur où le nombre de laboratoires privés a explosé eu égard aux avantages fiscaux mis en place par l'Etat justement pour limiter les importations. Le constat est d'autant plus troublant lorsqu'on sait que durant la fin des années 1990 et le début de celles de 2000, les pouvoirs publics ont mis en place un dispositif fiscal avantageux au profit des laboratoires dans le but réduire de moitié la facture annuelle de l'époque, qui était d'à peine 500 millions de dollars. Résultat, celle-ci a triplé et rien n'indique que cette hausse serait freinée. Par ailleurs, le bilan de la Banque d'Algérie montre que les importations des demi-produits de première transformation comme l'acier, le bois et le ciment ont pratiquement doublé en l'espace de trois années. Arrêtée en 2006 à 4,838 milliards de dollars, elle a atteint 7,105 milliards de dollars en 2007 puis 9,027 milliards de dollars en 2008. Une évolution qui a touché aussi les services importés tels que les transports, les services bancaires et financiers, les services productifs, les voyages, etc., dont le coût est passé de 4,78 milliards de dollars en 2006, à 6,93 milliards de dollars en 2007 et à 10,87 milliards en 2008. Un secteur qui coûte excessivement cher aux caisses de l'Etat et où, selon les spécialistes, il y a le plus de corruption. Les mesures du gouvernement ont plutôt touché le groupe des biens de consommation durables destinés généralement aux ménages comme les voitures et les produits électroménagers qui, certes, sont passés de 2,956 milliards de dollars en 2006 à 3,752 milliards en 2007 pour atteindre 5,090 milliards de dollars en 2008, mais qui sont vraiment loin par rapport aux produits qui coûtent cher à l'état. Paradoxalement, l'importation des biens d'équipement agricole a connu une baisse drastique durant les trois années alors que ce secteur devrait, eu égard aux fonds colossaux qui ont été alloués pour le développement de l'agriculture, connaître une hausse considérable. Les importations sont passées de 141 millions de dollars en 2006 à 84 millions de dollars en 2008. Ce qui suscite de lourdes interrogations. Pour sa part, la facture des produits bruts, donc de la matière première, a connu, elle aussi, une hausse. Elle est passée de 858 millions de dollars en 2006 à 1,373 milliard de dollars en 2008, alors que le coût des importations des biens d'équipement industriels a quant à lui augmenté en passant de 8,297 milliards de dollars en 2006 à 15,268 milliards de dollars en 2008. Durant l'année écoulée, dans cette même catégorie, le marché des véhicules (tourisme et utilitaires) a atteint 3,414 milliards de dollars, suivi des importations des turbines à gaz et leurs parties avec 652,74 millions de dollars, puis par les équipements de téléphonie avec 527,98 millions de dollars. Ces chiffres sont d'autant plus inquiétants qu'ils démontrent que malgré les budgets colossaux dépensés par l'Etat dans le cadre des différents plans de développement et censés aider à la production locale, la facture des biens importés, notamment ceux dits de consommation, ne cesse d'augmenter et les mesures tendant à la réduire ne sont en fait que de la poudre aux yeux puisqu'elles ne touchent pas la catégorie des produits qui saignent le Trésor public.