Cette interdépendance induit les effets positifs de l'avancée technologique donnant lieu à une diffusion instantanée des informations et des idées et créant des opportunités nouvelles pour participer à la vie publique. Elles nous permettent de mieux saisir la diversité de nos cultures et ce que nous avons en commun. Malheureusement, cette interdépendance se traduit également par de nombreux effets négatifs. Un quart des décès de l'humanité sont dus au sida, à la tuberculose et au paludisme et à des infections causées par l'insalubrité de l'eau, choléra, dysenterie, diarrhée. Ces maladies sont avant tout celles des pauvres, des vulnérables et de ceux subissant une forme ou une autre de stigmatisation. Et pour cause, la moitié de la planète vit avec moins de deux dollars par jour et un milliard d'hommes et de femmes vivent avec moins d'un dollar par jour. Par ailleurs, deux milliards et demi de personnes n'ont pas accès à une eau propre. Il se trouve effectivement que notre continent hérite du plus gros de ces tragédies. Autant de défis à l'éducation, à l'alimentation et plus généralement au développement. Le bilan de santé de l'humanité en constitue à la fois la résultante et l'indicateur. Une interdépendance des effets implique forcément une interdépendance de l'engagement et de la responsabilité ! Il est aujourd'hui du devoir de tous de porter les dimensions positives de l'interdépendance mondiale et d'en réduire les négatives. Nous ne vivons plus dans un monde à somme nulle, nos destins à tous évoluent d'un même mouvement, pour le meilleur et pour le pire. A l'ère de la mondialisation, la mort des approches nationales a été décrétée dans l'économie et dans la politique. Elle doit l'être dans la solidarité aussi. Il s'agit aujourd'hui d'imaginer de nouvelles formes de solidarité et de partenariat internationaux créatifs et novateurs impliquant de par le monde les leaders politiques, économiques, élites et sociétés civiles et aboutissant à une interdépendance responsable et équitable capable de donner à tous les habitants de ce monde le pouvoir de maîtriser leur santé, leur développement et donc leur destin. Une dynamique collective et concertée où les Etats continuent à assumer leur rôle de garant moral de la santé et du développement de leurs citoyens, où les sociétés civiles sont acteurs et partenaires de la prise en charge des populations et où les leaders économiques prodiguent un appui de premier plan puisé des dividendes de l'interdépendance justement. Une telle démarche est tellement porteuse de réponses, d'espoirs et d'ambitions qu'elle ne peut se permettre de rester aspiration factice ou creuse. Loin des dissymétries humiliantes, une solidarité internationale effective se construit de synergies où la responsabilité pleinement assumée des seuls vulnérables est nécessaire mais suffisante et où les agendas des puissants s'avèrent souvent dévastateurs. La solidarité internationale ne peut servir d'alibi à la violence d'une économie de marché dérégulée et qui cherche, faute de justice sociale planétaire, à produire une société civile globale partageant les mêmes valeurs à défaut de partager les mêmes ressources. Non ! La solidarité internationale ne saurait constituer un supplément d'âme dans ce marché humanitaire où la bonne conscience est en vente libre. En somme, la solidarité internationale ne peut se développer de l'échec du développement lui-même. Dans ce registre, l'Algérie n'est ni indifférente ni à l'abri des tourments de la planète. Elle a pris très tôt conscience du rôle qu'elle devait assumer dans ce registre. Avec d'autres pays africains initiateurs, le pays a fait du Nepad un formidable modèle de solidarité internationale où les Etats, joints par leurs sociétés civiles et les différentes institutions internationales, ont décidé de travailler ensemble et avancer sur la voie du développement en luttant contre les épidémies en Afrique (sida, tuberculose et paludisme) et en dotant le continent en infrastructures de base et en nouvelles technologies. La société civile algérienne n'est pas en reste. Des réseaux associatifs (personnes en situation de handicap, droits des enfants, droits des femmes, sida) se mettent en place à travers le pays et des partenariats se nouent avec le secteur public, souvent avec le soutien de ce dernier. Les organisations de la société civile œuvrant dans les domaines de la santé, de l'enfance, de la jeunesse ou de l'éducation sont écoutées et participent dans l'élaboration des politiques publiques. Celles engagées dans les questions de citoyenneté et des droits sont en attente d'intégrer le processus. Le programme concerté pluriacteurs «Joussour», regroupant des associations et des collectivités locales algériennes et françaises autour des thématiques de l'enfance et de la jeunesse constitue lui aussi à ce titre un autre modèle algérien de cette solidarité. Ces exemples sont à la fois sources d'inspiration et de motivation pour combatre les épidémies, la pauvreté et les inégalités. Seule une solidarité internationale partagée et responsable, avec ses déclinaisons régionales et nationales, faisant preuve d'innovation et d'esprit d'initiative, est capable de se frayer un chemin entre l'utopisme des uns et le cynisme des autres et venir au secours d'un monde malade, mais ne trouvant personne à son chevet.