Organisé par le Centre national de recherches préhistoriques anthropologiques et historiques (CNRPAH), ce colloque de trois jours regroupe une pléiade de chercheurs et spécialistes en musicologie, nationaux et étrangers. Lors des travaux de la deuxième journée de ce colloque, les participants ont évoqué les rôles des structures sociales traditionnelles, associatives et étatiques dans la préservation du patrimoine musical à travers le texte. L'universitaire espagnole, Cortés Garcia Manuela, a estimé que la poésie chantée dans le Kunnas al-Haik permet de constater que dans le « process » de la transmission orale à l'écrite, il y a une coexistence des différents registres linguistiques. Lambert Jean a indiqué que dans le chant de Sanâa (Yémen), des mélodies types sont utilisées et reconnues par les musiciens, puisqu'ils y adaptent de nouveaux textes poétiques : « Cette sorte de technique de contrefacture ou syntronisation, qui est une caractéristique fondamentale de leur musique, offre une base d'inventaire objective de la tradition yéménite. Etant donné la parenté du chant de Sanaâ avec le muwashash du Proche-Orient et du Maghreb, il semble que cette méthodologie soir appréciable ailleurs qu'au Yémen, moyennant certaines adaptations. » Pour la présidente de l'association Sauvez l'imzad, Mme Farida Sella, la poésie de l'imzad se décline en deux variables fondamentales : « L'espace et le temps influent sur la fonction de cet instrument mythique de l'imzad dans le désert. On a l'impression que tous les sons qui sortent de cet instrument à une seule corde sont en résonance avec l'éloignement et la proximité d'un autre espace, aussi fragile que l'imzad lui- même. Les paroles chantées ne se répéteront jamais de la même manière, d'une exécution à une autre. » Pour la chercheuse Galléze Ouiza, le rapport du texte à la mélodie a toujours été au cœur de la réflexion soufie. Dans le dhikr et sa cadence psalmodique, la musique a une signification importante. C'est, selon la conférencière, une discipline du souffle agissant directement sur l'esprit. Le cœur en ressent beaucoup mieux les effets. L'universitaire algérien, Bala Sadek, a soutenu dans sa communication intitulée L'initiation et son rôle dans la transmission du chant d'invocation soufie, « que le chant soufi de la Rahmaniya est l'un des moyens de maintien de la foi et de l'éducation religieuse et spirituelle ». « Son invocation est réservée au public des Khwans. Une première description permet de comprendre le rôle du contexte, des circonstances de l'énonciation dans la compréhension de ce souffle de l'intérieur, ponctué de plusieurs aires », étaye-t-il. Les travaux de ce colloque se clôtureront cet après-midi. D'autres communications sur le rôle et l'apport du système éducatif dans la transmission et le préservation du patrimoine musical sont attendues aujourd'hui.